Nativité du Seigneur, jour de Noël B – 25 décembre 2020
Is 52, 7-10 – Ps 97 (98) – He 1, 1-6 – Jn 1, 1-18
Homélie du Fr. Tuan Nguyen
En le Verbe était la vie et la vie était la lumière des hommes (Jn 1, 4).
Chaque naissance d’un être humain nous émerveille, nous donne la joie ! à la naissance nos petits-enfants ou nos enfants, nous avons déjà un jour fait l’expérience de cela. La naissance nous apprend quelque chose sur la vie ; sur son mystère, puisqu’il y a une part de nous-mêmes, comme parents, dans cette transmission de la vie ; en même temps il y a quelque chose de beau qui nous dépasse et nous émerveille. La vie naissance nous rappelle le merveilleux don de la vie, d’une promesse à accueillir, un chemin à accomplir, nous dit quelqu’un.
Aujourd’hui nous fêtons la nativité de Jésus. Sa naissance humble nous rappelle tout cela. Quoi donc, une naissance comme beaucoup d’autres ? dit-on. Et pourtant, chaque année, des millions de femmes et d’hommes dans le monde célèbrent cet événement. Nous savons combien la joie de Noël gagne les cœurs. C’est une preuve tangible que la venue de Jésus apporte quelque chose au monde. Dans mon pays, au Vietnam, à chaque Noël, c’est une très grande fête. Pour les chrétiens, certainement, mais pour les non croyants aussi. Ils viennent en famille chez les chrétiens pour regarder, contempler ce que nous vivons ; en quelque sorte, ils viennent partager la joie de la fête. Ils ne croient pas en Jésus comme leur Seigneur et Christ, mais ils sont rassemblés par Lui en réalité. Qui sait si leur cœur s’ouvrira un jour pour accueillir cet Enfant dans leur vie et le laisser grandir en eux. A l’inverse, en Europe, nous pouvons critiquer Noël comme une fête devenue festive et commerciale. Qui sait, si à travers l’épreuve du temps présent, le Covid, chrétiens pratiquants ou peu pratiquants, croyants ou non croyants, nous ne retrouverons pas le sens profond et la véritable joie de cette si belle fête !
Pourquoi sommes-nous émerveillés par l’Enfant de Bethléem ?
Nous sommes émerveillés par l’enfant Jésus parce qu’il est ce merveilleux cadeau de Dieu pour l’humanité. Il est le don de Dieu. Il nous donne la vie. En l’accueillant dans notre vie, dans notre cœur, nous sommes comblés de la vie de Dieu en nous. Dans d’autres récits de la vie de Jésus, nous entendons le récit de sa naissance, ce matin saint Jean nous présente Jésus autrement. Il le présente dans sa relation la plus étroite avec Dieu, son Père. Il est le Verbe ou la Parole du Père. Qu’est-ce qui est plus proche de nous que notre parole ? Une parole est manifeste non seulement quand elle est prononcée, mais avant même d’être prononcée, la parole est déjà là, intérieurement. Nous la pensons, nous la concevons avant de le prononcer. De même, Jésus est en Dieu depuis toujours avant la création. C’est avec cette Parole que Dieu a créé le monde et lui donne la vie.
L’auteur de l’évangile de Jean nous dit que, en la Parole était la vie et la vie est la lumière des hommes (Jn 1,4.9). A Noël, nous contemplons Jésus, petit enfant de Dieu. Nous contemplons la VIE que Dieu nous donne en cet Enfant. Les premiers chrétiens, st Irénée au IIe siècle, puis st Athanase IVe siècle, saint Augustin au Ve siècle, d’une seule voix, parlent de la venue du Fils de Dieu parmi les hommes dans un langage qui nous semble étrange mais très puissant. Ils parlent de déification, un terme un peu barbare qui signifie que, par la venue du Verbe fait chair, nous devenons dieux !
N’est-ce pas un rêve de l’humanité de vivre éternellement ? N’avons-nous pas un jour rêvé que nous restions avec ceux qui nous sont tellement chers pour toujours ? De nos jours, nous avons entendu parler de transhumanisme ou l’homme augmenté. Aujourd’hui, Dieu, en Jésus, s’est fait homme, il assume ce que nous sommes pour que nous devenions ce qu’il est. Jésus vient nous partager la vie de Dieu. Il rend participant à la vie divine ceux qui croient en Lui. Ceux qui croient en Lui, Parole faite chair, aura la vie en plénitude (Jn 10).
Puisque la vie est de Dieu et en Dieu. Rien ne peut l’arrêter, même la mort. Nous croyons à la vie après la mort, à la résurrection. Nous savons que notre vie est « finie », limitée, mais nous sommes invités à la vie infinie que Dieu nous donne.
Toutefois, il ne faut pas s’attendre seulement à la fin pour voir cette vie de Dieu se manifester dans notre existence. Dieu veut, croyons-nous, qu’elle se manifeste déjà ici et maintenant. Nous pouvons regarder notre vie d’aujourd’hui et nous demander : qu’est-ce qui me fait vivre ? Quelle est la vie de Dieu en moi ?
La vie de Dieu se décline, s’exprime à travers ceux qui vivent comme ses enfants. Nous lui devenons semblables. Nous revêtons les comportements de Dieu : Amour, bonté, patience, bienveillance… En bref, la vie divine nous pose la question de « Comment vivre ». Cela, nous apprenons du mystère de Noël. Puisque Dieu est avec nous. Il nous a tant aimé qu’il nous donne son Fils. Nous aurons la vie en plénitude lorsque nous savons aimer comme Lui. Le Père nous aime en nous donnant sa Parole faite chair. Le Fils nous aime jusqu’à se donner à nous jusqu’au bout. Ainsi, vivre la vie de Dieu, c’est aimer comme Lui. La vie que nous puisons en Dieu nous aide à mieux vivre notre quotidien. Si vous venez un jour à l’épicerie solidaire de Vaise, je vous souhaite d’expérimenter ce sentiment du partage et de la solidarité et par-dessus tout, de la force de la charité chrétienne qui se déploie sous nos yeux. Les bénéficiaires viennent de tous les horizons, avec leurs croyances différentes. Pour les chrétiens, cela vient à manifester la vie de Dieu en nos cœurs.
Je termine par là. Jésus est la Parole qui s’est fait chair. Il est ce mot doux de Dieu qui ne veut que nous communiquer la seule chose : la VIE. Une vie toujours renouvelée. Une vie entièrement orientée par l’Amour de Dieu. Accueillons cette Vie que Dieu nous donne en l’enfant Jésus et laissons-le grandir dans nos vies.