Jour de Pâques B – 4 avril 2021
Ac 10, 34a.37-43 – Ps 117 (118) – Col 3, 1-4 – Jn 20, 1-9
Homélie du P. Franck Gacogne
Frères et sœurs, que la joie de ce jour de Pâques vous illumine, un jour de Pâques qui nous présente un évangile absolument magnifique mais presque épuisant…je ne sais si vous l’avez remarqué à la lecture : ils n’arrêtent pas de courir !
C’est d’abord Marie-Madeleine qui court avertir les apôtres, ensuite ce sont Pierre et l’autre disciple qui courent au tombeau ! Vous avez dû remarquer que l’on ne dit pas qui est l’autre disciple, sans doute parce que cela peut être chacun de nous. Cet autre disciple on dit qu’il est aimé de Jésus. Etant peut-être le plus jeune, c’est lui qui arrive le premier, mais est-ce par respect pour Pierre ? Il se penche, il voit, mais il n’entre pas. Pierre qui le suit, arrive enfin. Plein de fougue, il entre directement dans le tombeau, regarde et ne comprend pas. Comment l’aurait-il pu d’ailleurs car pour comprendre la résurrection, pour saisir un tel mystère, il faut d’abord, comme l’autre disciple, s’arrêter. Il faut sans doute prendre du temps. La foi c’est tout un chemin à parcourir, le chemin d’une vie. Kim-Gabrielle, Sasha, Mina, Apolline, Isaac et Jean-Christophe c’est ce chemin que vous avez pris depuis plusieurs mois déjà. Sur ce chemin, la parole et l’attitude des autres est importante elle invite à oser aller plus loin, à oser entrer dans le tombeau comme le fait finalement cet autre disciple que Jésus aime et qui est chacun d’entre vous. Il entre dans le tombeau, mais pour y voir quoi ? C’est la question que je vous pose : qu’ont donc vu Pierre et l’autre disciple. Qu’ont-ils vu dans le tombeau ? La même chose, c’est-à-dire absolument rien ! Bien sûr ! Ils n’ont rien vu puisque le tombeau était vide. Et ce disciple qui était arrivé le premier, vous savez, ce disciple qui nous ressemble tant, celui qui est l’un de nous, et bien l’évangile nous dit de lui quelque chose de très étonnant et de paradoxal : « il vit et il crut ». Ceci est absolument fondamental : pour croire, il faut ne rien voir ! C’est une condition absolue et nécessaire à la foi.
Si la résurrection de Jésus avait été de l’ordre d’une constatation visuelle incontestable, il est probable que nous ne serions pas là ce matin, parce qu’il y a bien longtemps que cette nouvelle aurait été acquise par tous, puis oubliée, rendue archaïque par le temps, sans goût ni saveur. La résurrection de Jésus n’est pas un prodige évident. Si elle l’était, où serait la liberté de la foi, et la foi serait-elle, même, nécessaire ? C’est précisément parce qu’il n’y a rien à voir que m’est offerte, que m’est ouverte la possibilité de croire, c’est-à-dire de mettre toute mon espérance et ma confiance non pas dans une croyance en quelque chose, mais dans une personne : le Christ à jamais vivant. C’est quand il n’y a rien à voir que peut naître et circuler la foi. C’est pourquoi aujourd’hui, dans notre vie de croyant, je suis convaincu que nous ne sommes pas moins bien placés que ces premiers disciples : parce que comme eux, nous voyons une absence et pourtant elle est ardente, elle permet un élan intérieur, elle amorce notre désir à la suite du Christ de donner et de vouloir se donner. Certains disent : « circulez, y-a rien à voir ! Eh bien en Eglise, nous devrions dire : « croyez, y-a rien à voir ! »
La résurrection de Jésus est une révélation bouleversante : désormais, il n’y a plus aucun échec pour l’homme ou pour le monde que Dieu ne puisse surmonter, car c’est du lieu même de notre fragilité la plus intense, celle de la mort, que Jésus est extirpé, qu’il surgit, qu’il est redressé et nous prend à témoin. Si nous croyons en la résurrection de Jésus, c’est parce que les disciples y ont cru et que par la force de l’Esprit Saint, ils ont été témoin du Vivant toute leur vie. Leur témoignage toujours si ardent s’est transmis de génération en génération, et vous voici ici les enfants parce que vous avez reçu ce témoignage à travers le catéchisme, la parole et l’attitude de vos amis ou des membres de vos famille. Merci les enfants pour la joie que vous nous donnez à tous ce matin.
Que le Christ vienne transformer notre vie de l’intérieur. Que nous ayons l’audace d’emprunter le passage de la foi que sa Pâques nous ouvre. Amen.