Nativité du Seigneur, jour de Noël C – 25 décembre 2021
Is 52, 7-10 – Ps 97 (98) – He 1, 1-6 – Jn 1, 1-18
Homélie du P. Franck Gacogne
Depuis des générations les juifs attendaient un Sauveur, depuis des générations Dieu envoyait des prophètes qui tenaient en éveil le peuple et rappelaient l’Alliance. Souvent le peuple répondait à l’appel de Dieu, mais la Bible nous montre qu’il retombait aussi fréquemment dans ses mauvaises habitudes et dans la contestation. Mais Dieu ne s’est pas lassé, Dieu ne se lasse jamais ! Après avoir tant parlé par les prophètes, nous dit le début de la lettre aux Hébreux, il a envoyé son propre Fils, Parole de Dieu devenu Homme, le Verbe fait chair, c’est la raison pour laquelle nous avons placé la Parole de Dieu au cœur de la crèche : elle prend corps. La Promesse se réalise, une alliance toute nouvelle s’accomplie. Dieu ne se manifeste plus de loin par des paroles que quelques personnes éclairées nous transmettent. Non, Dieu par Jésus, se fait maintenant présent dans nos vies, nous ne sommes plus laissés à nous-mêmes. En se faisant homme, Dieu nous donne maintenant de le chercher dans tout homme qui devient un frère : quel défi immense ! Et quelle mission extraordinaire. En se faisant homme, Dieu ne se désavoue pas lui-même, il ne dévalorise pas sa condition divine mais bien au contraire, en se faisant homme, Dieu fait exceller l’humanité, et lui révèle combien depuis le commencement elle est à son image et combien elle est alors appelée à lui ressembler. Si, en Jésus-Christ, le propre Fils de Dieu s’est fait l’un de nous, ce n’est pas seulement pour nous enseigner qui est Dieu, mais pour Le rapprocher de nous, et même pour nous permettre d’avoir accès à Lui. Joseph Moingt, un théologien affirme « qu’il a été décidé une fois pour toutes en Jésus-Christ que Dieu n’existe pas sans l’homme. »
Qui que nous soyons, avec nos qualités, nos limites, notre histoire… Dieu aujourd’hui est à notre portée pour être porté. Autrefois le peuple juif attendait un Sauveur et aujourd’hui, qu’attendons-nous : la paix dans nos familles, un travail, la fin du COVID, des liens plus fraternels entre voisins, la paix entre les nations, plus de respect, de fraternité, de dialogue entre les peuples, entre croyants de différentes religions… Le Messie que nous accueillons ce matin peut-il répondre à toutes ces attentes ?
Oui, parce qu’en s’appelant aussi Emmanuel selon une prophétie d’Isaïe (Is 7, 14), il est « Dieu avec nous », mais il n’est pas « Dieu sans nous », il n’est pas « Dieu à la place de nous » ! Il reste donc à nous retrousser les manches, car si nous recevons cette paix et cette fraternité de Lui ce matin, c’est pour la porter, c’est pour la semer dans notre entourage le plus proche. Et les plus proches, ce ne sont jamais ceux que nous avons choisis, mais ceux qui habitent ou qui survivent tant bien que mal pas loin de chez nous, c’est tel membre de la famille, tel collègue avec qui je suis brouillé depuis si longtemps, tel SDF dans la rue d’à côté. Ne pensons pas qu’il faudrait s’extraire de l’humanité pour plaire à Dieu, ce serait nier le message de Noël !
Oui, la joie, la paix de Noël peut se répandre et porter du fruit. Ce matin elle est entre mes mains. En naissant en Jésus, Dieu met son corps entre nos mains afin que nos mains s’ouvrent pour le porter et offrir l’enfant Dieu. Réciproquement, nous pouvons tendre nos mains pour l’accueillir d’un autre. Amen.