Baptême du Seigneur C – 9 janvier 2022
Is 40, 1-5.9-11 – Ps 103 (104) – Tt 2, 11-14 ; 3, 4-7 – Lc 3, 15-16.21-22
Homélie du P. Franck Gacogne
Cette fête du baptême du Seigneur et le texte d’évangile que nous avons entendu sont l’occasion de nous demander s’il y aurait une différence entre le baptême donné par Jean-Baptiste, et celui dont Jésus sera la source.
J’aime bien poser des questions aux parents qui demandent le baptême pour leur enfant. Non pas pour les piéger mais pour donner du sens, pour donner de la compréhension à ce qu’ils demandent. Tiens par exemple, quand on en vient à parler du signe de l’eau je leur demande quel est pour eux le sens de l’eau dans le baptême ? « Se purifier », j’ai remarqué que c’était la réponse qui revenait le plus souvent.
Ne nous laissons pas berner par le signe de l’eau, même si ce geste est au cœur de la célébration du baptême aujourd’hui ! Ce n’est pas parce que Jean baptisait avec de l’eau et que nous-même avons été baptisés avec de l’eau, qu’il s’agit du même baptême. Le mot « purification » désigne à mon avis très bien le baptême qu’accomplissait Jean Baptiste : les foules qui venaient à lui étaient invités à reconnaître leur péché, et en effet, en se laissant plonger dans l’eau par Jean, ces personnes manifestaient leur souhait, leur désir de se convertir, de revenir à Dieu. Mais le baptême que nous avons reçu est tout-à-fait différent et d’ailleurs les parents qui parlent de l’eau qui purifie ne voient pas bien en même temps pourquoi leur nouveau-né en aurait besoin, ils sentent que c’est contradictoire. En effet, Luc l’évangéliste ne parle même plus d’eau, il nous dit qu’en Jésus, nous sommes baptisés dans « l’Esprit Saint et le feu ». Il s’agit là non pas d’un lavement mais d’un renouvellement, d’une renaissance. Essayons de ne pas avoir 2 millénaires de retard !
Dans le baptême par Jean-Baptiste, je décide de changer de vie et d’aller à nouveau à Dieu, alors qu’avec le baptême dans l’Esprit, c’est exactement le contraire qui se passe : C’est Dieu qui vient à moi, comme la colombe qui surgit d’en haut, et c’est Dieu qui change ma vie en me donnant la sienne ! Avec Jean-Baptiste, je suis acteur de ma propre conversion, alors qu’avec le baptême dans le Christ, je suis le réceptacle de la vie que Dieu me donne.
Par le baptême dans le Christ, nous ne sommes pas plongés, enfoncé par Jean-Baptiste au cœur de notre péché pour mieux le voir et pour enfin décider de nous convertir. Non ! Nous sommes plongés, non pas par Jésus, mais avec lui dans sa mort et sa résurrection pour renaître avec lui à une vie nouvelle. C’est une traversée qu’il accomplit avec nous en nous prenant par la main, pour que tout au long de notre vie, et surtout à sa fin, nous ne nous perdions pas sur le chemin. Jésus ne nous montre pas notre péché, il ne cherche pas à nous culpabiliser, il le prend sur lui dans sa mort pour nous en libérer. Sa résurrection est le signe que ce péché est vaincu, qu’il a été anéanti. Le baptême dans le feu et dans l’Esprit Saint, celui que nous avons reçu, n’est donc pas d’abord un baptême qui purifie, mais un baptême qui nous fait naître à la vie de Dieu sans condition aucune, gratuitement, par pur grâce, par amour.
Avec le baptême de Jean-Baptiste, les gens venaient pour devenir des « pécheurs convertis », mais beaucoup venaient par peur de Dieu, car ils le voyaient comme une menace, et bien ce baptême-là est périmé ! Le baptême inauguré par Jésus est un baptême dans l’Esprit Saint, qui nous constitue fils et fille de Dieu, recevant de lui tout son amour et faisant la joie de Dieu. Je ne sais pas si vous vous rendez compte et si vous réalisez que vous faites la joie de Dieu. C’est ce qu’affirme l’évangile, Le Père le dit à Jésus et à chacun de celles et ceux qui reçoivent sa vie.
Peut-être qu’avec cet éclairage nous pouvons maintenant mieux comprendre l’explication que St Paul donne dans sa lettre à Tite et que nous avons entendue. Je vous la relis : « Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous en abondance, par Jésus Christ notre Sauveur, afin que, rendus justes par sa grâce, nous devenions en espérance héritiers de la vie éternelle. » Amen