4e dimanche du temps ordinaire C – 30 janvier 2022
Jr 1, 4-5.17-19 – Ps 70 (71) – 1 Co 12, 31-13, 13 – Lc 4, 21-30
Homélie du Bruno Leborgne, diacre permanent.
« Aujourd’hui s’accompli ce passage de l’écriture que vous venez d’entendre ». Comme commentaire de l’écriture, c’est extrêmement court, mais c’est aussi très clair.
Jésus se présente comme celui qui accomplit les écritures. Il déclare à ses auditeurs, qu’il est le Messie attendu… Et il précise en plus, ce qui lui adviendra : Il ne sera pas accueilli ; ‘Car aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays.’
Pour les habitants de Nazareth, qui s’interrogeaient en eux-mêmes : ‘N’est-ce pas là, le fils de Joseph ?’ C’est une réponse sans équivoque, à la question qui les habite. Ils savent non seulement d’où il vient, mais ils savent aussi où il va. Ils connaissent son identité, ils connaissent sa destinée. La gloire de sa divinité, l’humiliation de sa vie humaine…. Mais que sont prêt à croire ses auditeurs de Nazareth ? Que sont-ils capables d’accueillir ?
Ils semblent prêts à croire, que Jésus est le Christ. Ce qu’ils attendent maintenant de Lui, c’est de voir de leurs propres yeux, des guérisons et des miracles ; que Jésus fasse à Nazareth, les miracles de Capharnaüm. Voilà ce qu’attendent les habitants de Nazareth.
Mais lorsqu’ils comprennent, avec l’exemple des prophètes, que Jésus sera rejeté, … Cela ne correspond pas, à l’idée qu’ils ont du Messie. De ce fait, ils n’accueillent pas Jésus, et en le rejetant, ce que les prophètes annonçaient par leur vie, lorsqu’ils étaient rejetés, s’accomplit aussi ce jour-là pour Jésus ; Il est rejeté, comme l’ont été, les prophètes avant lui.
Cet accueil manqué de Jésus, au sein même de la synagogue, est assez significatif. Il se situe au début, du ministère de Jésus. Il s’agit de sa première prise de parole, de son premier enseignement, et de la première réaction qu’il suscite.
Et si nous regardons la fin de l’évangile, et les évènements de la passion à Jérusalem, nous voyons une similitude, entre Jésus rejeté par les siens à Nazareth, et Jésus rejeté par son peuple à Jérusalem. Si bien que l’évangile, que nous entendons ce matin, introduit et présage, toute la vie de Jésus ; l’opposition au témoignage, de ses paroles et de ses actes, et finalement son rejet, manifesté par sa condamnation, et sa mort sur la croix.
Plus profondément, ce refus de l’évangile et de Jésus, d’abord par ses proches, qui l’ont vu grandir à Nazareth, et à la fin de sa vie, par son peuple à Jérusalem, ces évènements qui sont ancrées dans l’histoire, éclairent un autre passage biblique, situé hors du temps et de l’histoire. Le péché originel, qui nous est rapporté, dans le livre de la genèse, révèle par la figure d’Adam, l’humanité qui refuse, et rejette son créateur. C’est un passage abstrait et difficile à comprendre. Mais nous voyons dans l’évangile, que ce refus de Dieu, n’est pas une abstraction ; c’est une réalité inscrite dans l’histoire, par la condamnation et la mort de Jésus. L’humanité est habitée par ce refus de Dieu, et nous en portons tous, une part en nous-même.
Nous sommes chaque jour travaillés, par une résistance à Jésus. Parfois nous l’accueillons à Capharnaüm, parfois nous le rejetons à Nazareth. Ce qui fait la difficulté d’accueillir Jésus dans notre vie, c’est l’immense distance qui nous sépare de lui. Jésus est un abime d’humilité, et l’homme est gonflé de suffisance.
Et nous voyons bien cette suffisance, qui est à l’œuvre à Nazareth. Non seulement, ils n’accueillent pas la vérité, qu’ils rejettent toujours les prophètes. Mais en plus ils n’éprouvent pas pour eux-mêmes, comme les gens de Capharnaüm, le besoin intime et vital, de guérir d’une infirmité. Ils ne manifestent, aucun besoin de lui. Ils n’attendent rien, de la part de Jésus. Si ce n’est de voir de leurs yeux, des guérisons et des miracles. Mais Jésus ne vient pas, pour faire leur volonté. Il vient ‘porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer la liberté aux prisonniers, donner la vue aux aveugles, la guérison aux malades, … exactement ce qu’il a fait, en entrant à Capharnaüm.
Alors pour nous qui sommes travaillés, par de multiples résistances, si en deçà de nos suffisances, nous reconnaissons nos infirmités. Si nous voulons accueillir Jésus dans notre vie, nous pouvons suivre l’exemple, que nous donne Capharnaüm : aller dans la foi à sa rencontre de Jésus, avec les pauvretés de notre humanité.