Il ne vous a pas échappé que notre pays était entré dans une campagne électorale soutenue. Impossible de l’éviter, tous les médias nous abreuvent du matin au soir des petites phrases, déplacements, déclarations, volte-face etc. de chacun des candidats. Loin de moi de penser qu’il faudrait ignorer ou s’affranchir de ce sujet bien que certains cherchent à nous convaincre que la foi chrétienne serait au-dessus de cela. Non, au contraire, « la » politique est une question éminemment noble si elle honore sa mission fondamentale : servir le bien commun et développer la fraternité entre tous. Et c’est bien pour cette raison là que tout chrétien doit, je crois, nécessairement se sentir concerné par « le » politique et par conséquent, prendre connaissance des différents projets de société qui nous sont proposés pour les années à venir. Tous les citoyens ne sont pas chrétiens, mais tous les chrétiens sont, ou devraient être citoyens !
Pour prendre du recul, je vous invite à lire avec profit le 5ème chapitre de l’encyclique du pape François sur la fraternité et l’amitié sociale « Fratelli tutti ». Il est intitulé « la meilleure politique » (N°154 à 197). Après sa sortie en octobre 2020, un groupe de notre paroisse s’était d’ailleurs attelé à sa lecture continue. Il y a 5 ans, à l’approche des précédentes présidentielles, les évêques de France avaient publié « Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique ». Ce texte avait été largement salué pour la réflexion et la prise de recul qu’il apportait, et ce, par des médias de tous bords. A contrario, il semble que la publication que les évêques nous proposent cette année : « L’Espérance ne déçoit pas » n’ait suscité que peu d’intérêt.
Comme citoyen, nous avons une vraie responsabilité : celle de nous informer, de prendre du recul, d’analyser, de comprendre à la fois la situation dans laquelle nous nous trouvons et en regard de cela, les projets portés par les uns et les autres dans cette campagne. Il est de notre devoir de faire en sorte que notre discernement soit éclairé.
Comme chrétien, nous avons une vraie responsabilité tout aussi importante : celle de chercher à accorder au mieux notre foi et notre vote, car toute notre vie est appelée à s’unifier et, même dans le secret de l’isoloir, à revêtir une vraie cohérence pour voter en conscience. Au-delà de toutes les tentatives de récupération qui ne manqueront pas d’arriver, absolument aucun candidat ne peut se prévaloir d’être le ou la représentante des catholiques de notre pays. Je crois qu’il revient tout d’abord à chacun de nous de s’interroger sur ce que sont pour lui les fondamentaux de l’Evangile. Nous les trouverons très probablement à travers des paroles de Jésus et ses attitudes envers les personnes qu’il rencontre. Nous les trouverons aussi confirmés par telle ou telle parole en Eglise qui nous a profondément touchés. Ces fondamentaux deviendront pour chacun de nous des points de repères déterminants, au sens où ils nous aideront à nous déterminer. Aucun des candidats ne rassemblera tous ces fondamentaux à lui seul, il nous revient d’estimer celui ou celle qui, à nos yeux, les reflète le mieux ou le moins mal… Alors notre vote coïncidera avec notre foi.
Franck Gacogne