4ème dimanche de Carême C – 27 mars 2022
Jos 5, 9a.10-12 – Ps 33 (34) – 2 Co 5, 17-21 – Lc 15, 1-3.11-32
Homélie du P. Franck Gacogne
Si je vous dis « scrutins »… vous pensez bien sûr aux élections qui approchent à grand pas dans notre pays, et vous avez bien raison. Dans la vie de l’Eglise le « scrutin », c’est aussi le nom donné à une étape vécue par les futurs baptisés juste quelques semaines avant qu’ils ne reçoivent les sacrements de l’initiation. C’est ce moment que vous allez vivre Isabelle, Aurélie, Christina, Camille, Grégoire, Constance, Lélie, Léonard, Gabriel, Francisco et Roman dans cette célébration. Essayons alors de lui donner du sens.
Du latin « scrutinium » : qui semble vouloir dire fouiller, rechercher, visiter, scruter : la première étape d’un scrutin consiste par une prière et un temps de silence, à poser un regard sur sa vie : scruter, et se laisser scruter. La prière d’un psaume commence comme cela : « Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais ! Tu sais quand je m’assois, quand je me lève ; de très loin, tu pénètres mes pensées. » (Ps 138, 1-2). Attention, le regard de Dieu à notre égard n’est pas un regard inquisiteur. Ce n’est pas non plus celui du Père Fouettard et menaçant qui a bridé la croissance dans la foi de bien des générations. Le Père, ce n’est pas l’œil de Moscou ! Non, pas du tout. Quand Dieu scrute, que fait-il ? Eh bien nous l’avons entendu dans l’évangile : quand le Père scrute, il se tient dehors à guetter l’horizon. Le regard plein d’espérance et rempli d’affection, il scrute l’horizon pour ne surtout pas manquer le retour de son fils bien aimé.
La deuxième étape du scrutin est signifiée par le geste de l’imposition des mains. Ce signe veut transmettre aux futurs baptisés cette affection et cette force que le Seigneur leur donne comme ce père de la parabole qui littéralement est « ému jusqu’aux entrailles » et qui ne peut laisser son fils terminer le chemin : il court à sa rencontre pour le consoler et lui rendre sa dignité.
Deux autres termes sont utilisés pour parler du scrutin : ce moment est appelé aussi temps de la « purification » et de « l’illumination ». Nous pouvons aussi leur donner du sens en écho à l’évangile que nous avons entendu : Quel chemin de purification en effet pour ce fils perdu : « il rentra en lui-même » nous dit le texte de Luc au moment où il est au plus bas de la déchéance. « Il rentra en lui-même » comme pour examiner sa condition, discerner sa situation, purifier les choix qu’il a pris : ils illustrent tragiquement les propos de Saint-Paul : « tout est possible, mais tout ne m’est pas profitable » (1 Co 10, 23). C’est alors que vient le temps de l’illumination, comme la surprise inattendue : celle d’être enlacé par la tendresse d’un Père qui l’accueille comme celui qui a toujours été son bien aimé, ce qu’il ne croyait plus depuis longtemps.
Nous nous réjouissons pour le chemin de ces futurs baptisés. Seigneur, que notre attention à leur égard soit à la hauteur de celle que tu leur portes pour la croissance en humilité de tout ton peuple. Amen.