Veillée pascale C – 16 avril 2022
Gn 1, 1 – 2, 2 – Ex 14, 15 – 15, 1a – Ez 36, 24-28 – Rm 6, 3b-11 – Lc 24, 1-12
Homélie du P. Franck Gacogne
La résurrection, voilà le pivot de la foi chrétienne ! Quelqu’un vous a-t-il déjà dit que la résurrection de Jésus était une évidence ? Elle ne l’est pas pour moi, peut-être qu’elle ne l’est pas pour vous non plus, je ne sais pas. Eh bien figurez-vous qu’elle n’est pas non plus évidente pour les témoins du tombeau vide. Regardons bien attentivement ce passage de St Luc : on n’y voit pas la résurrection, personne ne la voit d’ailleurs, pas même les femmes venues au tombeau. Il y a 3 étapes :
1ère étape, les femmes constatent l’absence : « Elles trouvèrent la pierre roulée sur le côté du tombeau. Elles entrèrent, mais ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus ». 2000 ans après, n’est-ce pas la même expérience que nous faisons le plus habituellement dans notre vie chrétienne, celle d’une absence : « Où es-tu Seigneur Jésus ? Je te cherche, je t’appelle, je crie vers Toi ! ».
2ème étape, les femmes entendent l’annonce de la résurrection, ce que l’on appelle le kérygme : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité ». 2000 ans après, nous sommes dans la même situation : l’Eglise, spécialement ce soir, mais en tout temps et en tout lieu, l’Eglise proclame la Bonne Nouvelle, elle est relais de cette annonce de la résurrection.
3ème étape, les femmes sont placées face à leur liberté : elles ont constaté l’absence, elles ont reçu l’annonce de la résurrection, les voilà maintenant face à un choix. Que font-elles ? « Revenues du tombeau elles rapportèrent tout cela aux Onze et à tous les autres ». C’est-à-dire qu’avant d’être persuadées, avant d’être elles-mêmes convaincues, elles choisissent d’être missionnaires, d’être porteuses de cette annonce aux autres.
2000 ans après, les femmes de l’évangile s’appellent Isabelle, Christina, Aurélie et Léa : vous êtes, nous sommes dans la même situation : nous recevons l’annonce de cette nouvelle inouïe ce soir. Grâce à vous 4, elle se rend visible à nos yeux puisque plongée dans l’eau du baptême, vous ressuscitez avec lui à une vie nouvelle. Alors qu’enfin, oui, que cette Bonne Nouvelle déborde, qu’elle puisse être portée et témoignée par chacun d’entre nous. Le contenu de la Bonne nouvelle annoncée aux femmes de l’évangile tient en quelques mots : « ne cherchez pas le Vivant parmi les morts ». C’est-à-dire que le Christ ressuscité se manifeste dans notre aujourd’hui ici et maintenant car il est le Dieu de la Vie, cependant il nécessite d’être cherché et ne sera jamais une évidence.
Je crois qu’il se laisse découvrir dans tous les lieux de vies où nous saurons soit le repérer, soit le faire éclore, mais dans un cas comme dans l’autre ne jamais le garder pour soi mais l’offrir : c’est un sourire, une parole d’espérance, une main tendue, une réconciliation, un geste de solidarité, une alliance, une démarche de paix… Croire en la résurrection de la chaire, c’est croire qu’elle prend corps dans notre quotidien parce que le ressuscité nous rejoint sur notre chemin. Qu’il mette alors dans notre bouche une parole de foi : « Jésus Christ, tu es le Seigneur de la Vie, je sais que tu m’aimes et je crois en Toi, et je veux te servir en servant mes frères ».
Être baptisé n’est pas un état accompli, mais un mouvement toujours en devenir. Chrétien : deviens ce que tu es disait Saint Augustin au 4ème siècle.
Aurélie, Isabelle, Christina et Léa, voilà la bénédiction que vous nous faites vivre à tous ce soir. Grâce à vous, nous prenons conscience que nous devons toujours cherchez à devenir ce que vous recevez, Celui que vous recevez : le Ressuscité. Que votre immersion dans la résurrection du Christ comble votre vie de bonheur, et qu’elle ravive notre foi à tous. Amen.