3ème dimanche de l’Avent A – 11 décembre 2022
Is 35, 1-6a.10 – Ps 145 (146) – Jc 5, 7-10 – Mt 11, 2-11
Homélie du P. Franck Gacogne
« Gaudete », la joie. En ce troisième dimanche de l’Avent, nous sommes le dimanche dit de la Joie. Je ne sais pas si vous l’avez remarqué, depuis le début de son pontificat c’est le fil conducteur qu’a choisi le pape François à travers les exhortations qu’il nous a offert : « la joie de l’Evangile » en 2013, « la joie de l’amour » en 2016, « soyez dans la joie et l’allégresse » en 2018.
Aujourd’hui, nous entendons le prophète Isaïe : « Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent ! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse comme la rose, qu’il se couvre de fleurs des champs, qu’il exulte et crie de joie ! On verra la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu. » Le désert dont parle Isaïe est aride, c’est une réalité ! Mais le simple fait qu’il soit traversé par un peuple plein d’espérance, Israël libéré qui revint d’exil suffit à ce qu’il soit perçu comme une steppe fleurissante. Il y a des choses qui nous arrivent, il y a des circonstances de notre vie quotidienne qui évidemment sont très sombres, mais cela ne préjuge pas de la manière, de l’état d’esprit dans lequel des personnes sont amenées à les traverser. Qui d’entre-nous n’a jamais ressenti angoisse et stress au moment d’aller visiter un ami un proche en fin de vie, et tout à son étonnement, d’en sortir revigoré, revivifié par cette personne parce que, contre toute attente, il se dégageait d’elle une foi, une espérance, une bonne humeur aussi déconcertante en la circonstance que communicative.
Nous avons lu le psaume :
Le Seigneur fait justice aux opprimés,
aux affamés, il donne le pain,
le Seigneur délie les enchaînés.
Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles,
le Seigneur redresse les accablés,
le Seigneur aime les justes.
Le Seigneur protège l’étranger,
il soutient la veuve et l’orphelin.
Quelle litanie !
En effet, tout l’évangile témoigne que le Seigneur l’a fait en Jésus. Ce dimanche de la joie consiste-t-il à nous réjouir de ce que le Seigneur a fait dans les temps anciens ? Non, si cette lecture nous laisse béat et planté là. Le psaume est au présent, n’y a absolument aucune chance que le Seigneur le fasse de nouveau, sans nous. Le soir du jeudi saint, au pieds de ses disciples, Jésus leur dit : « c’est un exemple que je vous ai donné pour que vous fassiez de même ». Que le Seigneur utilise nos mains pour redresser et soutenir, notre bouche pour consoler et apaiser, nos oreilles pour écouter et se taire. C’est le plus sûr moyen de ne pas s’enorgueillir et rester serviteur de la joie.
Dans l’évangile, Jésus, avec humilité, et tout en délicatesse invite Jean Baptiste et ses disciples à repérer les traces du Royaume de Dieu à travers ce qui s’accompli et se réalise : non pas un renversement politique, ou des victoires guerrières, mais : « Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. ». Autrement dit Jésus permet des transformations de la vie de ceux qui le rencontre, ou qui bénéficie de sa Parole. Cet évangile est un appel pour nous aujourd’hui : qu’entendons-nous, et que voyons-nous de l’œuvre de Dieu dans notre quotidien ? Jésus nous invite à le rapporter comme il le demande aux disciples de Jean. Nous sommes invités à savoir « lire les signes des temps avec l’éclairage de la foi ». Au-delà du catastrophisme ambiant qui tourne parfois en boucle dans les médias, savons-nous repérer les traces du Royaume qui vient ? Une joie profonde que rien ni personne ne pourra nous ravir.
Merci Seigneur d’ouvrir nos yeux et nos oreilles pour discerner au cœur même des événements que nous vivons la lueur de ton visage. Ce sont les signes de ton Royaume déjà là mais pas encore accompli. Tu nous dis Seigneur que ton Royaume s’accomplira lorsque tous les petits y seront associés. Que ton Eglise Seigneur soit aimable et aimante pour tous et par tous. Amen.