Tiens, ça c’est pas mal pour placer mon « k » et mon « y » en un seul coup au Scrabble, et avec un peu de chance sur un « mot compte triple » ! Mais au fait, est-ce que c’est dans le dico ? Du grec ancien κήρυγμα, kễrugma, ce mot signifie littéralement « proclamation à haute voix », « coup de trompette » ou « cri initial ». Il s’agit d’un message primordial de première importance, celui de la première annonce de la foi qui se dit par la bouche des disciples : « Un certain Jésus a été mis à mort. Les chrétiens l’appellent Christ. Dieu l’a ressuscité pour le pardon des péchés et le salut des hommes ». On retrouve ce type d’expressions sous des formes assez proches dans les lettres de Paul ou le livre des Actes des Apôtres.
Vous l’avez remarqué, il n’est pas rare de nous retrouver aujourd’hui en 2023 dans le contexte d’une première annonce de la foi : pour une majorité de nos contemporains, Jésus est un inconnu et l’Evangile n’a jamais été parcouru. Comme baptisés, nous ne sommes ni propriétaires de la Bonne Nouvelle de Jésus, ni ses conservateurs car l’Eglise n’est pas un musée, mais un peuple de témoins : des disciples appelés à être missionnaires. Oui, chacun de nous est, par son baptême, porteur de la mission d’être témoin de la foi, tout simplement parce qu’elle est un cadeau et un don. Quand on fait un cadeau à quelqu’un, on y réfléchit à deux fois : qu’est-ce qui va lui correspondre ? Qu’est-ce qui va le rendre heureux ? La première phrase du premier texte officiel du pape François est celle-ci : « La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus » (EG 1). Dès lors, tous les baptisés sont appelés à se mettre au service de cette rencontre. Quel va être alors le « kérygme » c’est-à-dire le message choisi aujourd’hui pour annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus à telle ou telle personne, un message capable de générer cette joie ? Oui, chacun de nous est attendu et appelé à être témoin de la foi qui l’anime, non pas par prosélytisme mais par attraction, car c’est seulement dans une relation ajustée et respectueuse de l’autre que mon témoignage deviendra crédible et désirable.
L’Eglise de France est engagée cette année dans ce processus et cette réflexion qui doit pouvoir infuser toute notre pastorale paroissiale. Huit membres de notre paroisse participeront d’ailleurs en octobre prochain au « rassemblement Kérygma » à Lourdes pour en approfondir la question et en dynamiser la mise en œuvre. Le Conseil Paroissial du 7 septembre sera l’occasion de choisir ensemble comment peut se décliner cette démarche dans nos groupes et nos journées paroissiales.
Comme l’apôtre Paul, ayons l’audace d’être témoin de la joie qui nous anime. « Annoncer l’Évangile, ce n’est pas là pour moi un motif de fierté, c’est une nécessité qui s’impose à moi. Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! » (1 Co 9, 16)
Franck Gacogne