23e dimanche du temps ordinaire A – 10 septembre 2023
Ez 33, 7-9 – Ps 94 (95) – Rm 13, 8-10 – Mt 18, 15-20
Homélie du Fr. Tuan Nguyen (a.a)
Correction fraternelle, un signe de la fraternité ?
Frères et sœurs,
Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus encourage ses disciples à être prêts à s’écouter, à se corriger lorsqu’il faut.
Dans la 1ère lecture : le prophète Ezéchiel rappelle la responsabilité de celui envoyé par Dieu envers ses frères. Ezéchiel vécut à l’époque où le peuple élu de Dieu était infidèle à Dieu, le peuple dont il faisait partie allait vivre la catastrophe de l’exile en Babylone. L’homme de Dieu est alors chargé d’être guetteur…Je préfère le mot « veilleur », car il a pour mission d’avertir les égarés, les méchants pour qu’ils renoncent à leur mauvais chemin. La responsabilité prophétique consiste donc à alerter les dangers pour qu’il soit sauvé.
Ce que Jésus enseigne à ses disciples s’inscrit dans cet héritage. Dans le récit que nous venons d’entendre, Jésus semblait parler à ses disciples, petit groupe que formait ses disciples. Forcément il y a des belles choses qui sont faites en cette communauté, il faut se réjouir bien évidemment. Mais Jésus ne fait pas d’illusion, il sait qu’il y a des difficultés relationnelles, des blessures. Jésus n’invite pas à être gentil, jusqu’à devenir indifférent, mais à être solidaire avec l’autre. Ceci, non pas pour juger, ni condamner la personne qui a causé du tort, mais il est à lui alerter sur ses torts dans l’espoir que la personne pourrait se remettre en question et changer.
Pour ce faire, Jésus recommandait d’y aller avec plein de délicatesse et discrétion : « vas trouver seul » celui qui a péché contre toi et « parle -lui », si cela ne fonctionne pas, « reviens avec deux ou trois témoins » et si cela ne marche pas, « dis à l’assemblée, à tous ». Il faut tout faire pour aider l’autre sur ce chemin de retour vers Dieu et autrui. Et cependant, Jésus prévoit aussi le pire, c’est-à-dire qu’au cas où la personne refuse d’écouter. En ce cas-là, il faut respecter sa liberté et son choix…
Si Jésus soulignait le devoir de se corriger fraternellement, c’est parce qu’il voit par là un enjeu de fraternité. Parce que nous sommes encore capables de voir chez l’autre le visage d’un frère avec qui nous avons Dieu comme Père, le visage d’un frère que nous voulons aller vers lui pour chercher, par la voie de réconciliation, à rétablir le lien brisé.
Être chrétien signifie être les disciples du Christ, or le disciple n’est jamais seul. Il l’est toujours avec des autres qui suivent le même Seigneur, le Christ. En nous encourageant à nous corriger, à nous écouter, le Christ nous invite à chacun de ses disciples de devenir un véritable frère de l’autre, gardien de nos frères par la voie de dialogue et de réconciliation. Cela parce que tous frères.
Puissions-nous dire avec saint Paul : frères, (sœurs) n’ayez la dette envers personne, sauf celle de l’amour ». Que ce motif-là soit la racine de nos paroles et nos actes dans la vie quotidienne. Amen.