28e dimanche du temps ordinaire A – 15 octobre 2023
Is 25, 6-10a – Ps 22 (23) – Ph 4, 12-14.19-20 – Mt 22, 1-14
Homélie du P. Franck Gacogne.
Nous sommes dimanche. Est-ce que ce matin vous avez cherché à vous endimancher ? Avez-vous choisi un vêtement de circonstance pour le « jour du Seigneur » ? Lequel serait-il ? Jeudi dernier lors de la soirée de préparation au baptême, nous avons pris le temps de comprendre le sens du vêtement blanc dont les nouveaux baptisés sont revêtus pour indiquer leur condition nouvelle. Nous avons découvert cette citation de St-Paul aux Galates : « Tous, dans le Christ Jésus, vous êtes fils de Dieu par la foi. En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ ; il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus. » (Ga 3, 26-28). Dans ce passage, nous constatons que toutes les frontières sont abolis : par le baptême toute personne quel que soit son genre, son milieu social, son âge, son origine, toute personne reçoit la même et unique dignité dans le Christ Jésus, et elle est signifiée par ce vêtement dont elle est revêtue au jour de son baptême : c’est le vêtement blanc que nous portons dans le chœur, prêtres, diacre et servants de messe qui nous le rappelle. Cette tradition se perd peut-être, mais j’ai connu des personnes qui étaient toujours attentives à choisir une chemise blanche le dimanche pour se rendre à la messe.
Dans la parabole assez rude de ce jour, nous retrouvons ces deux dimensions que Paul évoque dans sa lettre aux Galates : d’une part le caractère universel de l’invitation aux noces et d’autre part la nécessité de revêtir le vêtement approprié qui lui est accordé.
Vous avez peut-être remarqué que quelques phrases du rituel de la messe avaient été modifiées il y a deux ans. Par exemple, là où l’on entendait juste avant la communion : « heureux les invités au repas du Seigneur », nous entendons maintenant : « heureux les invités au repas des noces de l’Agneau ». Cette expression mystérieuse vient du livre de l’Apocalypse où l’on peut lire ceci : « Soyons dans la joie, exultons, et rendons gloire à Dieu ! Car elles sont venues, les Noces de l’Agneau, et pour lui son épouse a revêtu sa parure. Un vêtement de lin fin lui a été donné, splendide et pur. » (Ap 19, 7-8). La Tradition de l’Eglise a associé le Christ à la figure de l’époux qui vient épouser son Peuple, l’Eglise. Et là encore, vous voyez qu’il est question d’un vêtement qui marque cette condition.
Dans la parabole des invités à la noces, certains ont déclinés l’invitation, ils avaient autre chose à faire : ces premiers invités, pourtant VIP se sont alors eux-mêmes exclus des noces en refusant de s’y rendre. L’invitation s’est alors élargie à tous. Il y a notamment cet homme qui est là, il a été invité, sa présence est donc légitime. Le roi lui manifeste d’ailleurs toute sa considération en l’appelant « mon ami » sauf qu’en retour, on voit que cet homme est en complet décalage avec l’événement auquel il participe, il est venu en touriste ! Il avait pourtant deux manières pour signifier sa reconnaissance d’avoir été invité : soit par son vêtement, soit par une parole de gratitude. Mais il choisit d’être désinvolte devant le roi d’une part en n’ayant pas le vêtement approprié, et d’autre part en gardant le silence.
Quand nous sommes à la messe et que nous entendons cette béatitude qui nous est adressée : « Heureux les invités au repas de noces de l’Agneau », c’est comme si le Seigneur nous disait à nous aussi toute sa considération et nous appelait ses amis. Notre manière de dire notre reconnaissance et notre honneur d’être invités ne s’exprime pas dans un silence mais dans une réponse pleine d’humilité : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dit seulement une parole et je serai guéris ». De cette façon, nous voulons dire que nous avons pris la mesure de cette invitation à l’eucharistie et à recevoir le Seigneur : « Dieu ne se mérite pas, personne n’en est digne, et pourtant le cœur humble, je crois qu’il veut se donner à moi pour transformer ma vie. »
Répondre oui à l’invitation du Seigneur et nous ajuster à sa présence, c’est désirer le laisser lui-même nous revêtir de ce vêtement, celui de sa miséricorde renouvelée sans cesse d’une façon toujours inconditionnelle, imméritée et gratuite (AL 297). Nous exprimons ce désir au début de l’eucharistie lorsque nous nous reconnaissons pécheur, et juste avant d’aller communier. Ce sont ces mots mêmes dans notre bouche qui tissent le vêtement attendu, celui qui fait honneur à l’invitation du Seigneur qui veut se donner et sans cesse faire alliance avec nous. Amen.