5ème dimanche du temps ordinaire B – 4 février 2024
Jb 7, 1-4.6-7 – Ps 146 (147) – 1 Co 9, 16-19.22-23 – Mc 1, 29-39
Homélie du P. Franck Gacogne
Il y a un point commun important entre ce passage de la première lettre de St Paul aux Corinthiens, et l’évangile de Marc que nous venons de lire. Ces deux textes nous parlent abondamment de l’annonce de l’évangile, de l’annonce de la Bonne Nouvelle. Parce que le mot Evangile signifie précisément Bonne Nouvelle. Jésus répond à ceux qui le cherchent : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile », et Saint Paul a cette exclamation : « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile ! ». Annoncer l’Evangile, pour Paul n’est pas un devoir contraint, une corvée ou un travail rémunéré, c’est une nécessité qui coule de source. Paul est habité par une grande joie, il porte en lui une Bonne Nouvelle, celle d’un Dieu qui se fait proche des hommes en Jésus-Christ pour leur dire combien ils sont aimés de Dieu. Cette Bonne Nouvelle déborde en lui de toute part et transforme toute son existence. En lisant cette lecture, on a vraiment l’impression qu’il trépigne d’impatience, qu’il n’a qu’un seul désir dans sa vie, c’est de pouvoir transmettre cette Bonne Nouvelle, de pouvoir la communiquer. Et quoi de plus naturel en effet que de vouloir partager sa joie à d’autres. Je suis sûr qu’il nous est déjà tous arrivés d’avoir une grande joie en nous, une très bonne nouvelle qui ne demande qu’à sortir, que l’on veut même parfois crier autour de soi tant elle transforme notre vie : décider de se marier, apprendre que l’on attend un enfant, voir le médecin s’approcher avec un grand sourire pour nous annoncer que tout s’est bien passé, avoir enfin réussi son examen après des échecs successifs, s’être enfin réconcilié avec un proche, un ami… les exemples sont nombreux. Cette joie que l’on ressent au plus profond de nous-même quoi de plus naturel que de vouloir la communiquer, la partager, la transmettre à d’autres.
Eh bien c’est exactement ce qui se passe pour Paul : il est convaincu que le Christ est une Bonne Nouvelle pour tous les hommes, c’est pour cette raison qu’il est convaincant en allant annoncer l’Evangile. Pour Paul, il ne s’agit pas de convertir coûte que coûte, de recruter ou de faire du nombre, mais de communiquer sa joie. Pour nous chrétiens, 2000 ans après, l’annonce ne semble pas évidente, peut-être aussi parce que nous doutons de nos convictions, il n’est pas toujours facile de proposer la foi, de dire combien Jésus Christ est important dans notre vie. Serait-ce parce que nous ne sommes pas assurés que l’évangile soit une Bonne Nouvelle pour tous ?
On peut se demander en quoi consiste exactement l’annonce de l’Evangile. Je crois que les Ecritures, les évangiles que nous avons ne sont pas là pour nous dire ce qu’il faut savoir sur Jésus ou même ce qu’il faut faire pour être un chrétien authentique. Autrement dit, la Parole de Dieu n’est ni une leçon à apprendre, ni un manuel de morale. Les évangiles nous apprennent qui est Jésus, ils nous mettent en capacité de l’aimer, de le fréquenter dans la prière, de l’incarner dans nos actes et nos paroles. Le christianisme n’est pas une religion du livre mais une religion de la personne : être chrétien, c’est nous attacher au Christ, et découvrir progressivement que ce Jésus est Fils de Dieu, que je peux entrer en relation et nourrir une amitié avec lui.
Ce passage d’un Jésus que je connais d’une manière un peu théorique comme un personnage distant, à un Jésus que je fréquente dans la prière, comme un ami et dans la rencontre avec les autres : ce passage-là n’est pas facile à faire. Pour chacun de nous, il va y avoir un moment clé dans notre vie où cette prise de conscience va se réaliser, espérons-le, pas trop tard ! Alors nous serons vraiment habités de cette Bonne Nouvelle et comme Paul, nous en serons naturellement les témoins.
Jésus prend du recul et se ressource dans la prière avant de sortir et de proclamer l’Evangile. Nous-mêmes, nous venons nous ressourcer et prier lors de l’eucharistie. Demandons alors au Seigneur qu’à la manière de Jésus notre prière ici et maintenant ne soit pas une fin, mais le moyen de vivre l’envoi et la confiance que le Christ nous fait à tous depuis le jour de notre baptême pour être son témoin. Amen.