Jour de Pâques B – 31 mars 2024
Ac 10, 34a.37-43 – Ps 117 (118) – Col 3, 1-4 – Jn 20, 1-9
Homélie du P. Franck Gacogne
Combien y-a-t-il de personnage dans ce récit de l’évangile de Jean ?
Qui est le premier personnage nommé ? Marie-Madeleine
C’est d’abord Marie-Madeleine qui voit puis, elle court avertir les apôtres. Ensuite ce sont Pierre et l’autre disciple qui courent au tombeau ! Vous avez dû remarquer que l’on ne dit pas qui est l’autre disciple. Cet autre disciple on dit qu’il est aimé de Jésus.
Tous les trois voient, mais aucun des trois ne semble comprendre.
Si on court trop vite, on est essoufflé, on n’a pas le temps de réfléchir, d’interpréter les évènements, c’est-à-dire de leur donner un sens qui nous touche, qui nous réjouis le cœur, qui nous fait dire : ça, c’est du solide, c’est vrai, j’y crois…
Vous les enfants, vous avez pris du temps : toute une année pour découvrir qui est Jésus, pour l’aimer, pour avoir envie de le suivre, pour le recevoir dans le baptême. Ce temps que vous avez pris vous permet aujourd’hui de devenir « disciples » c’est-à-dire d’être de ceux qui suivent Jésus, par le baptême, il vous permet maintenant de devenir « apôtre », c’est-à-dire envoyé et témoin de la Bonne nouvelle.
Quelle est cette Bonne nouvelle aujourd’hui ?
Revenons à ce disciple dont on ne donne pas le nom mais dont on sait qu’il est aimé de Jésus.
Eh bien que fait-il ce disciple ? Il finit par entrer dans le tombeau. Et l’évangile nous dit : « il vit et il crut »
Qu’a-t-il vu ? La même chose que Pierre et Marie-Madeleine, c’est-à-dire absolument rien ! Bien sûr ! Il n’a rien vu puisque le tombeau était vide. Mais l’évangile nous dit « il crut ». Qu’est-ce que ce disciple croit ?
La résurrection ne peut pas se comprendre, encore moins se voir, elle ne peut que se croire.
Et ceci est absolument fondamental : pour croire, il faut ne rien voir ! C’est une condition absolue et nécessaire à la foi.
Si la résurrection de Jésus avait été de l’ordre d’une constatation visuelle incontestable, il est probable que nous ne serions pas là ce matin, parce qu’il y a bien longtemps que cette nouvelle aurait été acquise par tous, puis oubliée, rendue archaïque par le temps, sans goût ni saveur. La résurrection de Jésus n’est pas un prodige évident. Si elle l’était, où serait la liberté de la foi, et la foi serait-elle, même, nécessaire ? C’est précisément parce qu’il n’y a rien à voir que m’est offerte, que m’est ouverte la possibilité de croire, c’est-à-dire de mettre toute mon espérance et ma confiance non pas dans une croyance en quelque chose, mais dans une personne : le Christ à jamais vivant. C’est quand il n’y a rien à voir que peut naître et circuler la foi. C’est pourquoi aujourd’hui, dans notre vie de croyant, je suis convaincu que nous ne sommes pas moins bien placés que ces premiers disciples : parce que comme eux, nous voyons une absence et pourtant elle est ardente, elle permet un élan intérieur, elle amorce notre désir à la suite du Christ de donner et de vouloir se donner. Certains disent : « circulez, y-a rien à voir ! Eh bien en Eglise, nous devrions dire : « croyez, y-a rien à voir ! »
La résurrection de Jésus est une révélation bouleversante : désormais, il n’y a plus aucun échec pour l’homme ou pour le monde que Dieu ne puisse surmonter, car c’est du lieu même de notre fragilité la plus intense, celle de la mort, que Jésus est extirpé, qu’il surgit, qu’il est redressé et nous prend à témoin. Si nous croyons en la résurrection de Jésus, c’est parce que les disciples y ont cru et que par la force de l’Esprit Saint, ils ont été témoin du Vivant toute leur vie. Leur témoignage toujours si ardent s’est transmis de génération en génération, et vous voici ici les enfants parce que vous avez reçu ce témoignage à travers le catéchisme, la parole et l’attitude de vos amis ou des membres de vos familles. Merci les enfants pour la joie que vous nous donnez à tous ce matin.
Que le Christ vienne transformer notre vie de l’intérieur. Que nous ayons l’audace d’emprunter le passage de la foi que sa Pâques nous ouvre. Amen.