2e dimanche de Pâques B – 7 avril 2024
Ac 4, 32-35 – Ps 117 (118) – 1 Jn 5, 1-6 – Jn 20, 19-31
Homélie du P. Franck Gacogne
Il faut essayer de s’imaginer la tension et l’effroi qui règne parmi les disciples. Ils espèrent ne pas être repérés, ils sont planqués dans une maison, calfeutrés derrières des portes verrouillées par crainte des autorités juives. Ceux qui ont permis l’arrestation et la condamnation de Jésus sont peut-être maintenant à leurs trousses et veulent terminer le travail ! Pierre en sait quelque chose, lui qui a nié par trois fois être de sa bande. Alors, quand Jésus est reconnu au milieu d’eux, par trois fois, il a des paroles qui rassurent, des paroles qui apaisent : « La paix soit avec vous ». La paix, on n’en mesure malheureusement l’importance et la qualité que le jour où elle nous fait défaut. La liturgie de la messe nous offre ce rite avant la communion de réentendre Jésus nous dire : « je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » ainsi que la salutation qu’il adresse aux disciples : « que la paix du Seigneur soit toujours avec vous ». Et pour que cette paix par laquelle le ressuscité s’identifie et est reconnu se diffuse, nous sommes invités à nous la transmettre les uns aux autres afin que la fraternité grandisse et qu’elle fasse de nous ses témoins : ce rite est très important.
Dans tous les évangiles, les récits des manifestations de Jésus parmi ses apôtres après la résurrection sont tous très subtils et précis. Jamais on ne nous dit que Jésus traverse les murs ou même qu’il fait une apparition tel un prestidigitateur qui voudrait en mettre plein la vue. Nul besoin d’esbroufe et d’effet spéciaux pour Jésus : il se manifeste en se rendant présent. Saint Jean nous dit : il vient, et il se tient au milieu des siens, d’autres traductions disent, il vient et se tient debout au milieu d’eux. Ce n’est pas lui qui se fait voir, c’est lui qui est vu et parfois difficilement reconnu, on le voit bien pour Thomas, notre jumeau.
Jamais le ressuscité ne s’impose de telle sorte que la foi ne soit plus requise. La résurrection ne peut-être que l’objet de la foi, c’est là que se situe par excellence le pivot de notre « être croyant » ! La résurrection de Jésus ne se prouve pas, ni pour les apôtres invités à croire sans voir, ni pour nous qui sommes déclarés ainsi heureux de croire sans voir, car c’est précisément la condition normale du croyant. La résurrection ne se prouve pas, en revanche, elle se reconnaît à la transformation, la métamorphose de celles et ceux qui placent toutes leur confiance dans le Ressuscité et qui cherche à le suivre. Ce n’est pas immédiat pour les apôtres 50 jours au moins pour sortir de leur torpeur, de leur accablement et de leur crainte. Et même pour l’évangile de Jean qui place pourtant le don de l’Esprit le soir même de la résurrection, vous l’avez entendu, son effet ne sera pas immédiat puisque 8 jours après ils se sont encore verrouillés et dans le chapitre suivant, les apôtres seront retournés à leur tâches première de pêcheurs sur le lac comme si rien ne devait changer.
Entrer dans la foi, c’est se situer personnellement comme nous le faisons chaque dimanche en Eglise quand nous disons « je crois » en communion avec tous les baptisés. C’est ce que fera Valérie tout-à-l’heure pour manifester son désir de vivre sa foi dans l’Eglise catholique et cette année au sein de notre paroisse de Vaise où elle a cheminée et vécu un chemin de discernement en vue de recevoir la confirmation et l’eucharistie. Ainsi, par notre proclamation du credo, nous confessons cette foi dans le Ressuscité reçue des apôtres comme profonde et vraie parce qu’elle donne du sens à toute notre existence. Mais cette foi dans le Ressuscité ne sera jamais ni prouvée ni démontrée par personne, ce qui est une chose excellente sans quoi nous ne serions plus libres de croire. Heureux donc ! nous déclare Jésus, car croire en lui ne peut être qu’un élan intérieur, celui de notre désir, pour notre plus grand bonheur, car c’est Lui, le Ressuscité qui œuvre pour la transformation et le salut du monde.
Dieu ne s’impose jamais, il se propose. C’est la façon d’être du Christ, voilà pourquoi cela doit être aussi l’attitude que sont invités à prendre tous ses disciples. Je crois que notre rôle au nom de notre baptême n’est pas d’imposer Dieu révélé en Jésus-Christ, en revanche, il est de toujours rechercher les lieux, les occasions et les façons les plus appropriées de pouvoir annoncer le kérygme, de pouvoir proposer Jésus-Christ et en vivre aujourd’hui, car sa Parole nous envoie en mission. Que le ressuscité vienne étancher notre soif de lui, que nous puissions en vivre et en témoigner. Amen.