3e dimanche de Pâques B – 14 avril 2024
Ac 3, 13-15.17-19 – Ps 4 – 1 Jn 2, 1-5a – Lc 24, 35-48
Homélie du P. Franck Gacogne
«Vous avez renié le Saint et le Juste. Vous l’aviez livré, vous l’aviez renié en présence de Pilate »… qui donc parle ainsi ; quel est celui qui balance ces invectives aux « Hommes d’Israël » ? L’auteur des Actes nous dit que c’est Pierre !! Pierre ? On a envie de dire, ce n’est pas possible ! « c’est l’hôpital qui se fout de la charité » ! S’il y en a bien un, plus que d’autres qui l’a renié, c’est bien celui-là… Bien sûr, et Pierre lui-même en est conscient, mais entre son reniement et cette vive exhortation qu’il se permet bien plus tard, il en a fait du chemin, Pierre a parcouru un itinéraire de conversion et de réconciliation qui lui a permis par trois fois de redire son attachement à Jésus et de se laisser envoyer en mission par lui. Et au nom de cette mission qu’il a reçu de Jésus lui-même, il n’a alors qu’un désir, c’est d’offrir à d’autres le même relèvement dont lui-même a bénéficié du Seigneur.
Telle est l’une des clés de compréhension de la résurrection que nous proposent les textes de ce jour. Jésus n’est pas ressuscité pour se venger, ou pour culpabiliser tous ceux qui ne l’on pas défendu, qui ont laissé faire ou qui ont fui. Non ! Luc nous explique dans son évangile que cette mort/résurrection vécue par le Christ est le signe d’une conversion proclamée, d’un pardon annoncé à toutes les nations, et qu’il nous faut en être témoin. C’est ce que Pierre essaye de faire.
À vous d’en être les témoins… Ce sont les toutes dernières recommandations de Jésus pour ses disciples. Dans ce passage, le « témoin », ce n’est pas seulement celui qui a vu l’événement et qui le rapporte, non, c’est beaucoup plus fort que cela, le mot grec traduit par « témoin », est le mot « martyr ». Autrement dit, c’est par le don et l’engagement de notre vie et non pas seulement par nos yeux que Jésus nous invite à être témoin de la résurrection, bonne nouvelle pour toutes les nations. Attention, évitons tout de suite les contre-sens, le martyr dans la foi chrétienne n’est jamais un acte volontaire ou choisi pour lui-même. Non, le martyr est toujours l’éventuelle conséquence d’un engagement pacifique de sa vie au service de l’évangile. C’est cela l’authentique témoignage.
Les disciples ont été témoin par leurs yeux de la mort de Jésus et la Bonne nouvelle du ressuscité fait maintenant sortir les apôtres de la peur et de leur enfermement. Ils sont invités à être témoins de sa résurrection par l’engagement de leur vie : « à vous d’en être témoins » leur dit-il. Cette exhortation nous serait-elle aussi adressée ? En octobre dernier nous sommes 7 membres de la paroisse de Vaise à avoir participés au rassemblement « Kerygma » à Lourdes. Le thème était précisément celui-là « à vous d’en entre les témoins », nous vous en avions d’ailleurs fait part au mois de décembre dans le numéro spécial d’une feuille paroissiale, mais peut-être que tout le monde n’a pas eu l’occasion de la lire. Alors, en voici quelques extraits :
Florence écrivait : « Être disciple missionnaire, cela nous engage, c’est témoigner, annoncer le cœur de la foi chrétienne et pouvoir dire comment ce kérygme transforme nos vies. ».
Nicole retient le contenu de ce kérygme résumé par le pape François ainsi : « Jésus-Christ t’aime, il a donné sa vie pour te sauver, et maintenant il est vivant à tes côtés chaque jour pour t’éclairer, te fortifier, te libérer. », et elle ajoute : je crois que j’ai progressivement « intégré » cette définition du kérygme, même si j’ai encore du mal avec « te sauver ».
Delphine écrit : « Je retiens le défi, notre défi, de vivre la joie de la gratuité, du temps présent, en ayant la bénédiction (« dire du bien ») comme projet de vie. Transmettons un mouvement de bénédiction autour de nous ! ».
Et Stéphanie : « j’ai pu expérimenter qu’avec un geste simple en apparence on pouvait faire passer un vrai message d’accompagnement, d’amitié. Une phrase d’une conférence m’a particulièrement touchée : « Nous ne suivons pas les maitres, nous suivons les témoins ». Maintenant je peux dire que mon kérygme c’est d’être témoin de ma Foi et témoigner que Jésus est mort ET ressuscité.
Merci à chacun d’eux d’avoir été témoin du Ressuscité reçu dans ce rassemblement. Et maintenant, ce témoin nous est donné, suivons la recommandation de Jésus : « À vous d’en être les témoins ! » Amen.