18ème dimanche du temps ordinaire – 4 août 2024
Ex 16, 2-4.12-15 – Ps 77 (78) 3.4ac, 23-24, 25.52a.54a– Ep 4, 17-20-24 – Jn 6, 24-35
Homélie de Franck Gacogne
Comme beaucoup d’entre vous je suppose, j’ai regardé différentes épreuves des JO, et j’ai bien écouté les commentateurs. C’est étonnant de voir combien spontanément, c’est un langage religieux qui domine, surtout en cas de victoire : On entendra que les athlètes sont rassemblés pour la grand-messe de la finale, qu’ils célèbrent la victoire, qu’ils communient avec les supporters. D’une manière sans doute fortuite, la Sainte Cène est ainsi associée à l’enthousiasme et à la fraternité de cet événement universel, et d’une certaine manière les JO lui font honneur ! Dommage que cette dimension n’ait pas aussi été relevée et soulignée.
Nous sommes dans le chapitre 6 de St Jean qui nous offre le discours de Jésus sur le « pain de vie », une belle occasion de méditer sur le mystère de l’Eucharistie.
Après le geste de la multiplication des pains, Jésus cherchait à fuir la foule parce qu’elle voulait faire de lui son roi, il s’était alors retiré tout seul dans la montagne. Mais la foule semble en vouloir plus encore, elle le recherche et le trouve à Capharnaüm. C’est là, dans la synagogue, que Jésus va prononcer son grand discours sur le pain de vie. Jean l’a reconstitué en lui donnant la forme d’un dialogue à base de quiproquos et de malentendus – à la manière de la conversation de Jésus avec la Samaritaine. Le dialogue ne manque pas de piquants. Vous me cherchez mal, commence par dire Jésus, vous me cherchez parce que vous avez été rassasiés, et vous espérez que je vais établir un royaume dans ce monde où vous serez assistés. Or, ce rassasiement d’un jour n’était qu’un signe, le signe d’une nourriture spirituelle qui se garde pour la vie éternelle. Jésus leur dit que c’est cela qu’ils devraient chercher Ils veulent faire de lui un roi temporel pour qu’il les comble de nourritures terrestres, mais le Fils de l’homme vient pour donner une autre nourriture, un autre Royaume. « Travaillez pour la nourriture éternelle, » dit Jésus. Mais alors question des gens : « Que faut-il faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? » Jésus répond : il s’agit moins de faire, que de vous laisser faire par Dieu, de vous ouvrir à lui. « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui que Dieu a envoyé ». Voilà que les gens veulent faire des œuvres pour Dieu, et que Jésus les invite à être une œuvre pour Dieu. Etre chrétien c’est chercher à faire de sa vie un chef d’œuvre pour Dieu et pour les autres.
Jésus parle de l’œuvre de Dieu au singulier, cette unique œuvre qui consiste à « croire en celui que Dieu a envoyé » Mais l’affirmation leur paraît un peu gratuite : donnes tes preuves, alors nous pourrons te croire ! Tu ne vas tout de même pas te poser en ce nouveau Moïse que nous attendons et refaire le miracle de la manne au désert ! Voilà le défi qui est lancé, et Jésus l’accepte en disant aux gens qu’ils lisent fort mal ce passage de la vie de Moïse. Le vrai sens est celui-ci : « Ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel, c’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel ». Mais voilà que se produit maintenant un tournant décisif pour cette foule qui entends Jésus et pour nous aujourd’hui rassemblé autour de la table du Seigneur. Parce que les hébreux conduis par Moïse venaient se nourrir quotidiennement du pain donné par Dieu. Ce pain leur était indispensable et nécessaire pour continuer la route sans quoi ils mourraient. En revanche, le pain que propose Jésus à la foule et que nous venons prendre ce matin, il n’est pas nécessaire à notre survie, chacun est donc libre de le désirer. Ce si petit morceau que nous recevons n’est pas important par « ce que c’est », mais plutôt par « ce qu’il est ». Ce pain n’est pas quelque chose, il est quelqu’un : c’est celui qui descend du ciel pour donner sa vie au monde. Jésus l’affirme ouvertement : « Je suis le pain de la vie. » Ce « Je suis » rappelle celui du buisson ardent quand Dieu signifie son nom. Jésus est le « Je suis » qui se donne comme pain de vie. Celui qui m’accepte, celui qui me reçoit, celui qui croit en moi, n’aura plus jamais faim. Nous voyons combien cet échange est proche de celui qui surgit de sa rencontre avec la samaritaine.
J’invite chacun à un temps de prière personnel avec cette question : Qu’est-ce qui nourrit ma vie, la structure, l’équilibre, la renforce, l’ouvre, la mets en relation avec les autres et avec Dieu ?