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19ème dimanche du temps ordinaire – 11 août 2024

1 R 19, 4-8 – Ps 33 (34) 2-3, 4-5,6-7, 8-9 – Ep 4,30-5, 2 – Jn 6, 41-51

Homélie de Franck Gacogne

Je crois que l’évangile de ce jour nous aide à mieux comprendre une expression que St Jean mets assez souvent dans la bouche de Jésus : « la vie éternelle ». Tout l’évangile de Jean nous dit que le Fils a le désir de nous donner cette vie éternelle. Voilà une expression que nous entendons également souvent dans la liturgie. Que faut-il en comprendre ?

Je crois que souvent, on se trompe en pensant d’une manière chronologique, successive : la « vie éternelle » n’est pas un « après », elle n’est pas un héritage réservé par Dieu après notre mort à ceux qu’il choisirait selon son bon vouloir. La vie éternelle n’est pas une récompense pour les seuls méritants. Car cela laisserait entendre qu’il faudrait tout faire pour mériter cette vie, alors que Jésus ne nous parle pas de mérite. C’est précisément parce que personne ne la mérite qu’il nous dit qu’elle est offerte, qu’elle est donnée à qui veut bien l’accueillir. Ensuite, on se trompe en pensant qu’il s’agirait d’une autre vie après celle-ci, et qui pourrait démarrer pour l’éternité. Car chaque fois que Jésus nous en parle, c’est au présent, c’est aujourd’hui que nous pouvons déjà en vivre : « Amen, amen, je vous le dis : il a la vie éternelle, celui qui croit.». Au chapitre 14, quand Jésus dit « je suis le chemin, la vérité et la vie », il ne nous dit pas qu’il est au terme du chemin, mais qu’il est le chemin, il ne nous dit pas qu’il sera une seconde vie mais qu’il est la vie. La vie éternelle, c’est notre vie d’ici-bas qui est comme gardée, sauvegardée, sauvée pour l’éternité. Je crois qu’à terme en effet, elle trouvera dans le Christ et par lui une sorte d’agrandissement, d’accomplissement, mais nous pouvons déjà en goûter les prémices et en vivre. Au chapitre 17, Jésus a ces mots : « la vie éternelle, c’est de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus Christ ». Autrement dit, cette vie éternelle est déjà commencée dans la mesure où nous la désirons en cherchant à connaître Jésus-Christ, c’est ce que nous entendrons tout-à-l’heure dans la préface de la prière eucharistique. Et Jésus en nous disant aujourd’hui qu’il est le pain vivant nous donne dès maintenant le moyen de nous nourrir de sa vie, la possibilité d’entretenir et d’affermir notre relation à lui. Comme dit l’autre sous forme de boutade : « L’éternité, il paraît que c’est long, surtout vers la fin ! » Alors commençons tout de suite ! Dieu a l’ardent désir de nous faire bénéficier de sa vie dès aujourd’hui, et nous le faisons lorsque nous venons communier à son pain, son corps livré pour nous. Nous le faisons lorsque nous cherchons à faire fructifier cette vie reçue dans l’Eucharistie par le don de nous-mêmes et dans le partage avec les autres.

Dans l’évangile de Jean toujours, nous trouvons cette phrase qui de mon point de vue est la plus importante de tous les évangiles parce qu’elle en donne le sens. La voici : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16). Comme dans l’évangile de ce jour, il est question de mort et de vie, et là encore il peut nous arriver de mal interpréter les Écritures. Car si l’Évangile affirme que croire en Dieu, manger le pain vivant, ou le chercher avec entrain c’est recevoir sa vie ; en revanche, l’évangile ne nous dit pas que ne pas le faire c’est mourir, que ce serait recevoir la mort de la part de Dieu. Non ! Le livre de la Sagesse l’affirme sans détour : « Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants. Il a créé toutes choses pour qu’elles subsistent » (Sg 1, 13-14). Saint Paul ou les évangiles parlent souvent d’attitudes ou de comportement qui « conduisent à la mort », mais il s’agit de la mort spirituelle, c’est-à-dire d’une relation avec Dieu qui selon la liberté de chacun peut ne pas être souhaitée, qui peut être coupée. Vous savez, c’est la parabole de la vigne : si des sarments ne restent pas attachées à elle, ils ne bénéficient plus de sa sève, de sa vie. La mort physique quant à elle, elle n’est jamais souhaitée par Dieu, et encore moins provoquée par lui. Tout le monde l’éprouve, y compris Jésus lui-même, car Jésus n’est pas venu pour que les hommes ne connaissent plus la mort, mais pour nous donner sa vie dès aujourd’hui, et au-delà de la mort !

La vie éternelle Seigneur, c’est de te désirer au cœur de ma vie. Chaque dimanche, tu m’offres de renouveler mon choix de vouloir te faire une place chez moi. Viens Seigneur donner de l’éternité à ce qui est périssable en moi, viens me donner l’audace d’être à mon tour donné aux autres et solidaire avec ceux que je rencontre. Amen.