15e dimanche du temps ordinaire C – 10 juillet 2022
Dt 30, 10-14 – Ps 68 – Col 1, 15-20 – Lc 10, 25-37
Homélie du Fr. Tuan Nguyen (a.a)
Bon Samaritain. Vous connaissez la parabole racontée par Jésus. Il nous révèle ce qu’est un homme de foi.
L’amour du prochain ou la miséricorde : cachet de la foi
Un docteur de la loi engage une conversation avec Jésus. Le but en réalité c’est pour le mettre à l’épreuve. Il voulait savoir ce que Jésus pense de leur religion. Que faire pour avoir la vie éternelle comme héritage, lui demanda-t-il à Jésus ? Jésus le renvoya à sa connaissance de la Loi juive. Ce que cet expert de la loi dit résume l’essentiel de l’esprit de la loi juive : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. »
Cela fait tomber les préjugés à propos des frères juifs. Ce ne sont pas les légalistes ! La Loi est là pour conduire à la vie, la vie davantage. Leur foi est aussi ce en quoi Jésus croit et met en pratique. L’essentiel de la foi juive, la loi donnée par Dieu est cette Parole de vie, comme nous lisions dans la première lecture : Car cette loi que je te prescris aujourd’hui n’est pas au-dessus de tes forces ni hors de ton atteinte… elle est près de toi, dans ta bouche dans ton cœur.
C’est cette loi que Dieu a donné à Israël par l’intermédiaire de Moise. Aimer Dieu et son prochain. Voilà ce qui donne la vie. A la question : que faire pour avoir la vie ? Jésus amène son interlocuteur au cœur de la foi juive. Pour avoir la vie, aimez Dieu et son prochain. De là, toute la beauté de la foi juive, nos frères aînés. Aimer Dieu ce qui paraît assez atteignable : puisque les prières les offrandes, le culte peuvent faire croire que nous aimons Dieu, les offrandes, les pratiques…Cela paraît moins facile parfois d’aimer le prochain. Or qui est mon prochain ? telle est l’interrogation du spécialiste de la loi.
Qui est mon prochain ? Le prochain est-il celui que je choisis, c’est-à-dire celui qui est dans mes connaissances, ma famille, mon cercle d’amis, de ma religion ?
Au temps de Jésus et du docteur de la loi, les Juifs ne considéraient comme leur prochain que ceux qui sont juifs orthodoxes. C’est-à-dire ceux qui ont la même foi, même culture. Le reste du monde sont vus comme étrangers.
Un samaritain voit en l’autre son prochain
Jésus lui répond en racontant une histoire d’un homme qui voyage entre Jérusalem et Jéricho. Le voyageur est dépouillé et battu par les bandits, laissé pour mort au bord du chemin ; voici un prêtre passa, puis un lévite, indifférents, les deux prennent un autre chemin. Un troisième, ce n’est pas un juif, mais un samaritain, habitant de la Samarie, pays qui sépare le nord et le sud d’Israël. Les habitants de ce pays ne sont pas bien vus par les israélites. Pourtant, devant le malheureux, la samaritain ne peut ne pas s’arrêter, « il le vit et fut saisi de compassion. Il s’approcha, et pansa ses blessures, en y versant de l’huile et du vin ; puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui »
Chaque mot de Jésus fait voir cette beauté en l’homme samaritain : pas que la générosité, mais plus profond encore, une compassion. Pour Jésus, peu importe l’origine, la culture, la religion, la vie personnelle de l’homme, l’attitude envers le malheureux dit clairement que le samaritain se fit prochain, proche du malheureux. Lui, étranger, a vu en l’homme malheureux son prochain. Il lui montre la compassion et la miséricorde.
La compassion, la miséricorde, capacité de se laisser toucher par les misères que vivent ceux que nous rencontrons nous montre ce qui veut dire être croyant, elle nous rend plus humains. La miséricorde, en latin se dit misericordia, formé par miseria (misère) et cordia (cœur) exprime cette idée d’une telle capacité. C’est cela qui lui rend capable de voir en autrui son prochain.
Le SDIS Service Départemental d’Incendie et de Secours du Finistère a une belle initiative inspirée de l’histoire que Jésus raconte aujourd’hui dans l’Évangile de Lc 10. Un nouvel outil pour porter secours aux personnes victimes d’un arrêt cardiaque. Il s’agit de l’application “Staying Alive”. Gratuite, elle recense les défibrillateurs et permet aux citoyens de devenir des « Bons Samaritains ».
Nous aussi, écoutons cette invitation de Jésus : « Va, et toi aussi, fais de même. » Lui qui se fait proche de tous ceux qui ont besoin d’aide. Il prend soin de nos blessures et nous relève par sa mort et sa résurrection.
Puissions-nous devenir de bons samaritains dans notre vie : pleins de miséricorde envers tous, capable de voir en l’autre notre prochain, puisque nous avons été créés à l’image de Dieu. Devenons miséricordieux car nous croyons en le Dieu de miséricorde. « Soyez donc miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Luc 6,36)