Fête du Saint Sacrement A – 11 juin 2023
Dt 8, 2-3.14b-16a – Ps 147 – 1 Co 10, 16-17 – Jn 6, 51-58
Homélie du P. Franck Gacogne
Les enfants, merci pour vos très belles lettres. Je les ai vraiment reçus comme un cadeau. Pour expliquer votre désir de communier, vous avez exprimé des motivations très importantes. Par exemple : « La parole de Jésus me touche beaucoup ; je veux continuer son chemin ; Jésus est un ami, je veux communier pour être plus proche de lui ; j’aime prier à la messe ; je désire recevoir Jésus en moi ». On retrouve pleins d’idées qui sont dans l’évangile d’aujourd’hui.
Dans cet évangile, il y a une question que les juifs se posent entre eux à propos de Jésus : « Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » C’est une question importante qu’on se pose nous aussi parce que Jésus dit lors de son dernier repas : « Prenez et manger en tous, ceci est mon corps livré pour vous ». Pour comprendre, je crois qu’il faut surtout s’attacher à la manière dont Jésus se présente, et dans l’évangile de Jean, il ne cesse de dire : « Je suis » le chemin, la vérité, la vie, la porte, la lumière du monde, le bon berger, la résurrection etc…. Dans le passage aujourd’hui il dit « je suis le pain vivant »
Le pain : cela veut dire que Jésus est celui qui peut nourrir notre vie. Je n’ai pas dit nourrir notre estomac. Après avoir communié, nous aurons sans doute tous encore faim, d’ailleurs nous partagerons certainement un repas en famille après cette célébration. Si Jésus se présente comme le pain, c’est parce qu’il peut nourrir notre cœur, notre intelligence, et surtout notre foi. Il peut rassasier notre désir de mieux le connaître. Quel genre de nourriture est-ce que nous recevons à la messe : la Parole de Dieu, d’ailleurs dans vos lettres plusieurs d’entre vous ont retenu celle-ci : « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Nous recevons aussi sa paix, sa bénédiction, beaucoup de joie, de réconfort, et nous recevons cette hostie devenu pain vivant par le don de l’Esprit Saint, ce pain devenu Corps du Christ. Quand on va communier et que le prêtre ou la personne qui donne la communion dit : « le Corps du Christ », elle désigne à la fois ce que nous recevons, mais aussi ce que nous devenons tous ensemble. C’est pour cela qu’aller à la messe, c’est aussi se laisser nourrir par tous les autres qui sont là rassemblés. C’est avec eux et grâce à eux que je peux devenir un membre du corps du Christ, un membre de l’Eglise. Recevoir le Corps du Christ, ce n’est pas une fierté ou source d’orgueil d’ailleurs nous disons tous « je ne suis pas digne de te recevoir ». En recevant le Corps du Christ nous répondons : « Amen », c’est-à-dire à la fois je le crois, et je le veux : je crois que c’est le Corps du Christ et je veux le devenir. Amen signifie notre joie, notre accord pour incorporer Jésus dans notre vie. Recevoir le Corps du Christ, c’est une mission puisque à la fin, nous sommes envoyés par le diacre qui nous dit : « allez dans la paix du Christ », c’est-à-dire, soyez témoin de Celui que vous avez reçu.
Il ne s’agit donc pas de n’importe quel pain : Jésus dit : « Moi, je suis le pain vivant ». Accueillir le Corps du Christ, c’est vouloir laisser à Jésus une place vivante dans mon existence. Cela veut dire qu’il n’y a pas qu’au KT ou à la messe que Jésus aura de l’importance pour moi, mais aussi en famille, à l’école, dans le sport, je vais pouvoir me rappeler que Jésus m’aime personnellement. Pour signifier qu’il est vivant en moi, je vais pouvoir essayer d’agir comme lui, de prier comme lui, d’aimer ou de pardonner comme lui. Jésus n’est vivant aujourd’hui que par ceux qui le reçoivent et qui le manifeste dans leur vie. Cela faisait dire à St Paul une phrase magnifique : St Paul disait : « Ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi ». Cet amour vivant de Dieu en nous, et bien comme le pain, il n’a de sens que partagé avec les autres, c’est pour cela que nous sommes envoyés.
En allant communier, nous ne recevons pas quelque chose, nous recevons quelqu’un. Communier, c’est dire à Jésus : « je te fais une place dans ma vie, viens demeurer en moi, viens transformer mon intérieur ». Vous savez à la maison, il est parfois bon de changer la déco, communier, c’est changer la déco ! Et si ceux qui viennent me voir s’en aperçoivent c’est que vraiment j’aurais su être témoin de l’amour reçu, du Dieu vivant en moi.