33e dimanche du temps ordinaire C – 13 novembre 2022
Ml 3, 19-20a – Ps 97 (98) – 2 Th 3, 7-12 – Lc 21, 5-19
Homélie du Fr. Tuan Nguyen (a.a)
La fin des temps, quelle fin ?
Pour un croyant juif, le Temple est le lieu saint et centre de la vie religieuse, ce lieu qui rappelle la présence de Dieu avec l’Arche de l’alliance au milieu de son peuple. Les disciples de Jésus sont dans l’admiration de sa beauté extérieure, les belles pierres et les ex votos.
Mais, la réaction de Jésus devait les étonner : « ce que vous contemplez, les jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit ». En disant cela, Jésus n’a pas annoncé la même chose que les prophètes de jadis qui avaient annoncé la destruction du Temple et l’exil en Babylone ? En 587, cela est bien arrivé et reste un traumatisme dans les esprits.
Jésus a-t-il pris goût d’annoncer la destruction et l’anéantissement ? Autrement dit, est-ce qu’il est venu pour annoncer des malheurs ?
Partons de la destruction du temps. D’une part, une construction, aussi solide que soit elle, ne résistera pas pour toujours au temps. La dégradation arrivera. D’autre part, il y a des facteurs humains qui provoquent cela et mène à la disparition d’une construction.
Jésus passe de cela à d’autres choses du même genre. Les guerres, les désordres font partie de l’histoire humaine. Cela reste valable depuis très longtemps, et presque dans toutes les civilisations. « Nations contre nations, royaume contre royaume ». Voilà ce qui se passe encore de nos jours. Des guerres, des conflits, puis les désastres écologiques qui menacent.
La destruction peut venir de l’imperfection des choses créés et des facteurs humains. Ce discours de Jésus emprunte à des moyens et des images d’un genre littéraire de l’époque, le genre apocalyptique. Alors que le sens de ce terme est « découvrir » et « révéler ».
Jésus parle la fin dans le passage de ce dimanche. De quelle fin ? ce n’est pas l’anéantissement que marque la limite terminale du cosmos de l’humanité, mais la fin signifie le but ou mieux ce à quoi tend un projet. Dieu a un dessein avant la création. Un dessein d’amour au point qu’il a créé le monde, l’homme à son image et par les fautes, cette image se défigure, Dieu a envoyé ses porte-paroles et enfin Jésus, cet homme-Dieu qui révèle ce dessein éternel : Dieu aime l’humanité et veut qu’elle soit rétablie et conduite vers la fin bienheureuse. Être en Dieu et Dieu en tout, disait saint Paul, dans le Royaume de Dieu. C’est cette fin-là qui donne sens à notre histoire. Le temps, dans la Bible, n’est pas le temps cyclique. Il ne tourne pas en rond. Le temps et l’histoire biblique est linéaire, elle a un sens. A la fois, il y a une direction et un sens. « Dieu nous a faits et nous sommes à Lui » (Ps 99) Nous tendons vers Lui.
Cette réalité, fin bienheureuse, nous est déjà donnée dans l’événement de Jésus. Il est réellement la pierre angulaire de ce projet de Dieu. Sa vie, sa passion et surtout sa résurrection montrent une chose incontestable : Dieu est le Dieu de la vie la plus grande. La victoire du Christ sur la mort affirme que la fin pour les hommes ne l’est pas pour Dieu. Alors que beaucoup ont cru que la mort a mis fin à son projet. Au contraire, il est vivant, il renouvelle ce qu’il touche.
Si d’emblée, le discours du Christ emprunte des images d’un genre littéraire bien connu de l’époque, le genre apocalyptique, dont les caractéristiques sont effrayantes, la Bonne Nouvelle qu’annonce Jésus demeure telle quelle. Elle invite à espérer et persévérer dans ce projet de Dieu.
Il mènera l’humanité à ce but ultime : vers Lui qui est ce Dieu dont les pensées sont celles de paix, non de malheur (Jr 19).
C’est vers Cette Fin là que doit tendre l’histoire de chaque homme, chaque femme, l’histoire du monde.
Nous voilà déjà en marche, dans cette attente de ce momentum, ce moment où ce projet de Dieu se réalisera. Vivons pleinement le temps que Dieu donne sans oublier cette finalité promise.
Tendons vers ce BUT en apportant notre part pour rendre la vie du monde soit transformée tel que Dieu veut.