Mercredi des Cendres B – 14 février 2024
Jl 2, 12-18 – Ps 50 (51) – 2 Co 5, 20 – 6, 2 – Mt 6, 1-6.16-18
Homélie du Fr Tuan Nguyen (a.a.)
Un Carême pour raviver notre désir de Dieu
Si nous faisions de ce temps de Carême un temps pour entretenir notre flamme du désir de Dieu…
Au moins, y a une raison pour cette proposition. C’est que cette année, la saint Valentin tombe malheureusement ou heureusement le mercredi des Cendres. Malheureusement parce que peut-être certains parmi vous ont sans doute limité un peu le plan (un dîner au restaurant, cadeaux…). Heureusement, car peut-être la signification de cette fête nous aide à entrer dans le Carême.
A l’origine de cette fête, y a cette histoire.
Valentin était un prêtre chrétien qui a vécu au 3e siècle dans l’Empire romain. Selon la légende, l’empereur Claude II avait interdit les mariages pour les jeunes hommes, car il pensait que les célibataires faisaient de meilleurs soldats. Or Valentin continuait à célébrer des mariages en secret.
Lorsque son action a été découverte, Valentin a été emprisonné et condamné à mort. Pendant son emprisonnement, il aurait guéri la fille aveugle de son geôlier et lui aurait laissé une lettre signée “Ton Valentin”. Le 14 février, jour de son exécution, est devenu associé à l’amour et à la romance. C’est le pape Alexandre VI, en 1496, qui l’a proclamé « patron des amoureux ».
Aujourd’hui c’est devenu une fête internationale ou on célèbre l’amour. On l’exprime dans l’échange des attentions, des cadeaux. C’est donc une coïncidence heureuse que le mercredi des cendres tombe à cette fête car parler d’amour nous permet de parler du Carême sous cet aspect : le désir.
En ce mercredi des cendre, l’entrée en Carême est marquée par l’imposition des Cendres. Les cendres rappellent notre humble condition, signe de notre indigence, conscience de notre pauvreté…Cendres, mais nous ne sommes pas insignifiants pour autant puisque nous sommes faits pour Lui. Saint Augustin, chrétien et évêque au 4e siècle, a le don de formule, disant : « Tu nous a faits pour toi Seigneur et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi » (Confession I, 1). Depuis l’origine, nous portons en nous ce désir de Dieu. Conscients de notre indigence, de notre besoin de l’absolu, en d’autres termes, Dieu, nous désirons d’aller à la rencontre de Dieu.
Durant ce temps de Carême qui est aussi un temps dit traditionnellement conversion. Nous nous imposons les retranchements volontaire (les privations de la nourriture, ou d’autres, faire des petits sacrifices, comme autrefois on apprenait aux enfants). Sans doute tout cela ne donnait-il pas à ce temps un air bien austère et triste ? Nous ne devrions pas perdre de vue le sens et la finalité de toute cette démarche. Le Carême est là pour nous indiquer ce qui est le plus cher, ce qui est important pour notre vie chrétienne. Comme la privation de la nourriture peut nous faire l’expérience de la faim et de la soif, car ça creuse : avons-nous encore ce désir de Dieu, voulons-nous creuser en nous ce désir ?
Jésus dans l’Évangile de saint Matthieu, ce soir, ne parle pas de péchés supposés, ni de fautes. Il parle des bonnes œuvres d’une vie d’un croyant. Il invite simplement à aller à la racine de toutes ces activités. Y a le désir, ou autrement dit l’amour de Dieu qui doit orienter l’action.
Ainsi, quand tu pries, prie de la manière qui te permet de rencontrer Dieu, cœur à cœur, dans l’intimité, pour découvrir l’amour de Dieu pour toi comme un père pour son enfant, non pour te donner en spectacle.
L’aumône est un beau geste, il dit la bonté, la solidarité de l’homme. Mais, quand tu fais l’aumône, dis-Jésus, « Fais-le de manière que Dieu seul sache ». La récompense ne sera pas une reconnaissance des gens, mais elle vient de Dieu lui-même.
Enfin, le jeûne, pratique assez plébiscitée de nos jours pour garder la ligne pour certaines personnes, un moyen pour tenter d’améliorer certaines maladies pour d’autres. Pour le croyant, le jeûne doit aider à revenir à l’essentiel, car « l’homme ne vit pas seulement du pain », il vit de cette rencontre et cette relation avec Dieu qui est un Père. A cinq reprise le mot « Père » est revenu sur la bouche de Jésus. C’est dans cette relation avec ce Père plein de tendresse que l’homme est engendré à la vie, qu’il apprend à vivre. Apprendre à vivre avec Dieu, c’est la prière, expression du désir de l’homme. Apprendre sur soi-même, c’est le jeûne. Apprendre à vivre avec autrui, c’est l’aumône.
Puisse ce temps de Carême nous permette de vivre une conversion de nos désirs, de raviver notre désir de Dieu. Puissions-nous entendre cette parole d’amour du Père manifestée en Jésus Christ. L’amour de Dieu sauve le monde. Si notre désir, notre amour pour Dieu est assez grand, nous pourrons revenir à Lui sans cesse et de tout notre cœur quelque soient des circonstances. Amen.