2e dimanche du temps ordinaire A – 15 janvier 2023
Is 49, 3.5-6 – Ps 39 (40) – 1 Co 1, 1-3 – Jn 1, 29-34
Homélie du P. Franck Gacogne
J’aimerais vous parler de la lumière. D’abord parce que c’est l’une des expressions clé qui vient dans la lecture du prophète Isaïe de ce jour : « lumière des nations », ce que nous venons d’ailleurs à nouveau de chanter pour acclamer l’évangile, mais aussi, parce que la lumière dite « de la paix » est un temps fort qu’ont vécu les scouts ici il y a un mois.
La lumière est au cœur de la vie du scoutisme. Des plus petits au plus grands les scouts aiment se rassembler le soir pour la veillée autour d’un feu. La lumière est le lieu vers laquelle on converge pour se réchauffer, se ressourcer, donner et recevoir les uns des autres, grandir dans la foi…
La lumière est en effet au cœur de la foi chrétienne, cela ne vous a pas échappé. Pas n’importe quelle lumière, d’abord celle que nous allumons à Pâques avec un grand cierge, parce qu’elle représente – au sens fort du verbe : elle représente, c’est-à-dire elle « rend présent » – le Christ, le ressuscité parmi nous. Cette lumière-là, c’est Jésus-Christ lui-même comme il se nomme dans l’évangile de Jean : « je suis la lumière du monde » (Jn 8, 12). A Pâques, nous commençons par suivre cette lumière, puis nous la recevons, et ainsi, nous devenons celui que nous recevons. C’est ce Jésus dit à ses disciples dans l’évangile de Matthieu : « vous êtes la lumière du monde » (Mt 5, 14). Et enfin dans cette même veillée pascale, nous la transmettons autour de nous pour qu’elle se diffuse. Ce que Jésus est, je le deviens et je le fais devenir. Nous l’avons tout a l’heure entendu dans le livre d’Isaïe : « Je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. » (Is 49, 6)
La condition pour que la lumière ne s’épuise pas, qu’elle ne finisse pas par s’éteindre c’est qu’elle soit transmise, donnée. La condition pour que la lumière parvienne jusqu’aux extrémités de la terre, c’est que je sois un participant, un vecteur de cette transmission autour de moi.
Ce matin, ce n’est pas la lumière de Pâques qui brille dans notre église, mais c’est la lumière de Bethléem : de transmission en transmission, de scouts à d’autres scouts, éclaireurs ou éclaireuses, elle a traversé les nations et nous l’avons reçu ici. Cette lumière a trouvé sa source à Bethléem dans le temps de Noël. Elle est porteuse de la paix ou du moins celui qui la reçoit se fait porteur de paix. Pas n’importe quelle paix, la paix de Jésus qui est né à Bethléem, qui est reconnu comme le « Prince-de-la-Paix » (Is 9, 5). Dimanche dernier à l’épiphanie, les mages venaient de tous les nations pour l’adorer et pour nous signifier qu’il est destiné à toutes les nations.
Dans l’évangile de Luc, il y a une figure qui est magnifique, c’est celle du vieillard Syméon que nous découvrons spécialement le 2 février, date à laquelle nous faisons mémoire de la présentation de Jésus au Temple peu de temps après sa naissance. Le texte nous dit que Syméon est un homme juste et qu’il est rempli de l’Esprit Saint. Il reconnait dans l’enfant Jésus celui qu’il a attendu, prié et espéré toute sa vie : le Messie. « Syméon reçoit l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant : « Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. » (Lc 2, 28-32). Ainsi, Jésus reconnu comme la « lumière qui se révèle aux nations » apporte la paix à Syméon et à toute l’humanité. Syméon désigne la destinée de Jésus et la mission de le porter.
A cœur de cette célébration, cette mission va nous être proposée. Nous allons tout à l’heure recevoir la lumière de la paix pour en être les témoins et les porteurs. Qu’elle puisse rayonner dans tous les lieux que nous fréquentons, avec toutes les personnes que nous croisons. Oui, je le crois profondément, « Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; de qui aurais-je crainte ? » (Ps 26, 1). Amen.