2e dimanche du temps ordinaire C – 16 janvier 2022
Is 62, 1-5 – Ps 95 (96) – 1 Co 12, 4-11 – Jn 2, 1-11
Homélie du P. Franck Gacogne
Nous avons tous déjà participé à un mariage, celui d’un ami, d’un frère, de l’un de nos enfants… On s’en souvient longtemps d’autant plus si c’est le nôtre, on a des photos, des films pour se rappeler de ce jour J plus ou moins éloigné dans le temps. Mais avons-nous conscience que, pas seulement ce jour-là mais sans cesse, Dieu veut faire alliance avec nous ici et maintenant, hier, aujourd’hui et demain.
Hier, c’est Isaïe qui disait de Jérusalem : « on te nommera « mon épouse », comme une jeune mariée, tu seras la joie de ton Dieu ». Depuis toujours, il y avait promesse de mariage entre Dieu et l’humanité ; et bien avec Jésus, ce mariage est définitif. Dieu en se faisant homme est venu épouser l’humanité tant son désir était grand de vivre sa condition. Dimanche dernier, vous vous souvenez peut-être, c’était la voix du Père qui disait à Jésus : « en toi je trouve ma joie » et dans texte d’Isaïe, il signifie à tout homme qu’il est « la joie de Dieu ».
Aujourd’hui, le baptême est je crois l’une des plus belles manifestations de cette Alliance : merci à vous les enfants, parce que votre demande nous le rappelle. La messe aussi, car chaque fois que nous y participons, nous rappelons et nous renouvelons cette alliance ; l’Eucharistie la rend présente et effective. En présentant tout à l’heure le pain et le vin devenus corps et sang du Christ, nous pourrons entendre cette phrase : « heureux les invités au repas des noces de l’Agneau ». Oui, heureux sommes-nous en Eglise, car nous voilà invités à entrer dans cette Alliance, à recevoir de la vie de Dieu qui s’est fait homme pour nous rendre plus apte à le révéler, à l’offrir comme un vin succulent et nouveau.
Demain, et bien demain est une belle promesse puisque nous le voyons dans les noces de Cana, le meilleur est pour la fin, et en plus il est en surabondance. En utilisant de l’eau, Jésus choisi de faire exceller notre ordinaire, parce que cet ordinaire, il le transforme par le travail de son Esprit en vin nouveau. Cette eau et ces jarres servaient aux ablutions requises par la loi, et dans un autre récit, les pharisiens scrupuleux reprochaient à Jésus et ses disciples de ne pas s’y soumettre. Eh bien dans ce passage de l’évangile de Jean, l’eau du légalisme et des prescriptions a été transformée par un vin généreux et abondant. C’est le temps des réjouissances et du partage.
On parle parfois du « miracle » des noces de Cana. En fait n’est pas un miracle, mais un signe, comme tous les miracles de Jésus qui en fait sont des signes. C’est-à-dire qu’ils nous révèlent non pas d’abord ce que Jésus a fait, mais ce qu’il est, son identité. Par exemple quand Jésus guéri un paralytique, ce n’est pas pour que jamais plus il n’y ait de paralysés, on le voit bien, mais c’est pour signifier, pour révéler qui il est : non pas un super orthopédiste, mais un Sauveur, celui qui nous sauve du péché, qui nous veut debout (c’était l’évangile de vendredi dernier). Quand il guéri un aveugle, ce n’est pas pour que jamais plus la cécité ne frappe personne, mais pour signifier, pour révéler qui il est : non pas un super-ophtalmo, mais « la lumière du monde ». Et bien ici à Cana c’est un peu la même chose, par ce signe, Jésus nous révèle qui il est : non pas un magicien, mais le bien-aimé qui nous aime, qui nous désire, nous comble et réjouis notre cœur.
Jésus n’est pas un magicien. Il ne cherche pas à épater la galerie, et il n’agit pas à la place des hommes. L’action de Jésus nécessite absolument et toujours notre contribution. A Cana, il a d’abord besoin du coup de coude de Marie : « Dis-donc, ils n’ont plus de vin ! » Jésus a ensuite besoin des serviteurs de la noce pour qu’ils remplissent les cuves et pour qu’ils servent le maître du repas. Comme aujourd’hui, beaucoup de situations humaines criantes ont besoin de notre cœur et de notre solidarité pour soutenir l’action de ceux qui agissent auprès d’eux. Jésus n’est pas un magicien. Hier comme aujourd’hui ; son action et sa présence réconfortante ne sera féconde que par la mobilisation de chacun. Joindre le geste (c’est-à-dire un don ou le don de soi-même) à la prière, ce n’est pas un choix possible en particulier pour ceux d’entre nous qui seraient les plus généreux ou plus sensible. Non ! Joindre le geste à la prière, c’est l’exigence de l’Evangile, Jean le dit un peu plus loin au chapitre 13 : « Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres ». Joindre le geste à la prière, c’est le plus sûr, et je crois l’unique moyen de donner à notre prière une efficacité. Car, si la prière nourrie notre relation à Dieu, c’est le geste, c’est le don qui rendra cette prière efficace et effective. Amen.