22e dimanche du temps ordinaire – 1er septembre 2024
Dt 4, 1-2.6-8 – Ps 14 – Jc 17-18.21b-22.27 – MC 7,1-8.14-15.21-23
Homélie du P. Bernard Badaud
Dans le livre du Deutéronome, comme dans la lettre de saint Jacques et dans l’Évangile, il est question de « pratique ». C’est donc l’occasion de nous demander de quoi il s’agit au juste lorsqu’il est question de « mettre en pratique ».
Saint Augustin : « Notre vie est réussie pourvu que nous pratiquions ce que nous entendons et chantons »
A l’occasion de préparation aux baptêmes ou aux mariages, comme beaucoup, j’ai souvent entendu la réflexion : « Oh, vous savez, nous on est croyants mais pas pratiquants. » Mais avec ces personnes rencontrées pour l’occasion, nous avons d’abord pris le temps de faire connaissance et j’ai appris que les auteurs de cette déclaration participaient activement à la vie associative de leur commune, se souciaient de leur voisine âgée et tenaient beaucoup à promouvoir une réelle solidarité dans leur milieu professionnel. J’en ai donc conclu tout naturellement qu’ils étaient, au fond, bien plus « pratiquants » qu’ils le pensaient et le disaient.
Souvenons-nous, saint Paul : « J’aurais beau avoir la foi jusqu’à transporter des montagnes, s’il me manque l’amour cela ne me sert à rien » Saint Jean : « N’aimons pas avec des paroles et des discours mais par des actes et en vérité. » Saint Jacques : « La foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte. » Et, au 4e siècle, saint Jean Chrysostome : « Quel avantage y a-t-il à ce que la table du Christ soit chargée de vases d’or, tandis que lui-même meurt de misère ? Pense qu’il s’agit du Christ lorsqu’il s’en va, errant, étranger, sans abri… »
L’Évangile d’aujourd’hui nous montre Jésus scandalisé par l’attachement scrupuleux de certains à des rites et à des pratiques sans âme. On pourrait dire qu’ils ont l’amour de la loi… mais se montrent incapables d’accueillir la loi de l’amour dont rayonne l’Évangile.
Parmi bien d’autres exemples possibles, je pense à ces quelques lignes du tout nouvel ouvrage, plaisamment titré « Rikiki Tutti », de Raphaël Buyse, prêtre du diocèse de Lille : « J’aime les célébrations de plain-pied où chacun, quels que soient son histoire et son rang, se tient au niveau de l’autre, celles où l’on peut, qui que l’on soit, chercher une communion à hauteur d’homme. J’aime ces messes qui ne commencent pas l’heure du méridien de Greenwich mais à l’heure de la vie, lorsque les uns et les autres se sont salués…. et ont ensemble partagé quelques nouvelles. On ne peut pas célébrer l’eucharistie sans voir pris un tant soit peu le temps de s’accueillir et de se parler…»
En ces temps « olympiques », nous pouvons penser que la « pratique » des sacrements et de la messe est comme la pratique du sport : un entraînement nécessaire pour réussir à faire entrer concrètement dans nos vies ce que nous entendons dans nos célébrations.