Commémoration de tous les fidèles défunts A – 2 novembre 2023
Ap 14, 13 – Psaume 22 – Jn 14, 1-6
Homélie du P. Franck Gacogne.
Je vous propose d’observer le psaume 22 sur vos feuilles de chants. Si l’on cherche à dépasser notre toute première impression qui plante un décor champêtre et bucolique, on s’aperçoit vite que s’expriment ici les paroles puissantes d’un croyant, d’un priant, on l’appelle le psalmiste (celui qui s’exprime à travers les psaumes) et on peut remarquer qu’il met toute sa confiance dans le Seigneur.
Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.
Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l’honneur de son nom.
Dans les deux premières strophes, le psalmiste fait une relecture de sa vie et il y reconnaît le Seigneur qui le guide et qui prend soin de lui comme un berger le fait pour ses brebis. Il pose un acte de foi en affirmant que le Seigneur a toujours été à ses côtés pour lui éviter les embûches et pour le conduire sur un juste chemin. Bienheureux sommes-nous si nous savons nous aussi déceler au-delà des tribulations, des aléas et des changements incessants de nos vies, une constance profonde et durable, un fil conducteur sans faille, une persistance fidèle : celle de se savoir profondément aimé et accompagné par le Seigneur.
Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure.
La troisième strophe aborde la mort. Et le psalmiste ne l’évoque pas comme un mur sur lequel on vient buter, ou comme une absence qui nous laisse seul et dans le désarroi. Si la mort nous fait quand même tomber bien bas, elle n’est pas un trou sans issue, mais un ravin avec une entrée et une sortie que l’on peut donc traverser. Dieu n’a pas fait la mort (Sg 1, 13), il ne nous jette pas dans ce ravin. Au contraire, il nous y précède et nous y devance au fond pour être sûr d’y être avec nous, de le traverser avec nous. Dans ce moment critique, le psalmiste affirme que grâce au Seigneur qui là avec lui au plus bas, il ne craint rien. Par sa passion, Jésus nous a devancé, il connait le terrain et ses moindres recoins, son bâton nous guide et nous rassure.
Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.
La quatrième strophe évoque la sortie du ravin comme le lieu d’un banquet, c’est la table du Royaume. Vous savez, c’est l’une des images les plus utilisées par Jésus quand il veut parler du paradis à ses disciples. Le psalmiste indique que cette table est une victoire sur les ennemis et Saint-Paul précisera en effet qu’avec nous le Christ est vainqueur de ses ennemis et que ce dernier et ultime ennemi, c’est la mort (1 Co 15, 26). Alors le Seigneur nous associe à sa victoire, il nous donne sa résurrection en faisant de chacun de nous son invité de marque en répandant du parfum sur notre tête et en remplissant notre coupe.
Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.
La dernière strophe nous présente la vie éternelle : celle d’un accomplissement totalement réalisé en Dieu sous le signe de la grâce et du bonheur. C’est le salut, c’est cette amitié avec le Christ, qui nous unit à Dieu pour l’éternité.
Comme dit un humoriste sous forme de boutade : « L’éternité, il paraît que c’est long, surtout vers la fin ! » Alors commençons tout de suite ! Car Dieu a l’ardent désir de nous faire bénéficier de sa vie dès aujourd’hui, et nous le faisons lorsque nous venons communier à son pain de vie, son corps livré pour nous. Nous le faisons lorsque nous cherchons à faire fructifier cette vie reçue dans l’Eucharistie par le don de nous-mêmes, dans l’engagement et le partage avec les autres. Vous l’avez entendu dans le psaume 22, le psalmiste nous assure que nos défunts sont bien entourés. Prier pour nos défunts ne doit donc pas nous faire regarder en arrière et nous empêcher d’être acteur de notre devenir pour que notre foi porte du fruit.
La vie éternelle Seigneur, c’est désirer te faire une place dès aujourd’hui au cœur de ma vie. Donne-moi de te reconnaitre sur mon chemin comme la Vérité et la Vie. Amen.