12e dimanche du temps ordinaire B – 20 juin 2021
Jb 38, 1.8-11 – Ps 106 (107) – 2 Co 5, 14-17 – Mc 4, 35-41
Homélie du P. Franck Gacogne
« Passons sur l’autre rive ». Nous vivons ce matin les baptêmes de Romane et d’Astérie. Le récit de la tempête apaisée pourrait-il nous donner un éclairage sur le baptême ? Je crois que le baptême évoque deux mouvements : un mouvement vertical de plongée et un mouvement horizontal de traversée. Quand l’archéologie nous donne de découvrir la manière dont étaient construits les baptistères dans les tout premiers siècles, on découvre qu’ils étaient souvent creusés dans le sol. Des marches descendaient d’un côté, et d’autres remontaient de l’autre, de l’eau circulait entre les deux. Mais pas de tempête me direz-vous ? Si, pour le baptisé parce qu’après être descendu dans l’eau, il y était complètement immergé par trois fois avant de remonter de l’autre côté. Je rassure tout de suite les parents, nous n’allons pas tout à fait faire comme cela tout-à-l’heure ! Celui qui était baptisé expérimentait donc ces deux mouvements : celui de la traversée vers une autre rive et celui d’une plongée entre les deux. Bien sûr, cet itinéraire est celui qu’à parcouru Jésus dans le mystère pascal : un chemin de vie avec ses amis, puis la croix comme une vraie tempête et une plongée dans la mort, et enfin l’apaisement sur l’autre rive, celle de la résurrection et de la vie en Dieu. Et cet évangile de la tempête apaisée que nous avons entendu a été rédigée bien après la résurrection pour pouvoir en donner une illustration.
Nous le voyons dans ce récit, et nous le constatons dans nos vies, ce qui met notre foi à l’épreuve, ce sont toujours les événements que nous ne maîtrisons pas, quand la peur survient et que nous mesurons un vrai danger pour nous-mêmes ou pour nos proches. Et parfois, comme les disciples nous disons à Jésus dans une prière : « nous sommes perdu, cela ne te fait rien ? », et nous aurions envi de le secouer, de jeter son coussin à l’eau et de le réveiller. Il est bon pour nous de pouvoir nous identifier dans la réaction des disciples.
Mais pour donner du sens à ce récit et au baptême, je crois qu’il faut regarder Jésus. Il n’a pas décidé de rester tranquillement sur la berge pour regarder ses disciples se débattre tout seul avec les éléments. Non, Dieu s’est incarné, il s’est embarqué avec nous, il traverse la tempête et la subit aussi avec nous. Jésus choisi d’être à nos côtés, serein dans l’adversité, capable d’apaiser nos tourments et nos épreuves parce que lui-même d’abord en est sorti victorieux.
Vous l’avez compris, le baptême n’est pas une protection, il n’a jamais préservé personne d’événements inattendus où difficiles à vivre. En revanche, choisir le baptême c’est précisément inviter Jésus à monter dans notre barque pour qu’il soit toujours là à nos côtés, pour qu’il soutienne notre foi et nous donne de traverser ce que nous ne savons maitriser. Sa présence n’évite pas les tempêtes, mais je crois que le Christ nous permet de les traverser, de nous apaiser et de nous conduire sur une rive sûre. Nous nous réjouissons avec Romane et Astérie. Pour le meilleur, et contre le pire, Jésus, le ressuscité est maintenant embarqué dans leur vie pour leur offrir la sienne.
Nous nous réjouissons avec Giovanna, Doria, Madeleine, Léandro, Olivier, Mayeul, Liz, Clarisse et Gabriel. Dans une lettre, vous m’avez exprimé votre désir de faire votre première des communions. D’une certaine façon, vous demandez à Jésus qu’il reste dans votre barque comme depuis votre baptême, vous lui dites combien vous avez besoin de lui. Pourtant, vous l’avez vu, Jésus n’est pas un passager dérangeant, il ne s’impose pas de lui-même, il dort. Mais on voit que les disciples sont en danger tant qu’ils le laissent dormir. Alors éveillez, réveillez toujours en vous le désir de sa présence pour que Jésus soit le soutien de votre foi. Communier souvent, c’est éveiller dans son cœur la présence active du Seigneur pour notre plus grande joie. Amen.