Solennité du Christ Roi de l’Univers C – 20 novembre 2022
2 S 5, 1-3 – Ps 121 (122) – Col 1, 12-20 – Lc 23, 35-43
Homélie du Bruno Leborgne (diacre)
Aujourd’hui, nous fêtons le Christ roi, et c’est également la journée, du secours catholique. L’église et la liturgie nous invite, non seulement à la foi, et mais aussi à la charité : La charité pour la journée, du secours catholique, la foi pour la fête, du Christ Roi de l’univers.
Dans le Credo, nous disons ‘Je crois en Dieu, créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible’. Et Saint Paul affirme aux Colossiens : ’tout est créé par lui et pour lui, dans le ciel et sur la terre, les êtres visibles et invisibles’. Ainsi, nous croyons que le Christ, règne non seulement, sur le monde habité des créatures visibles, mais aussi sur les créatures spirituelles, que nous ne voyons pas. Le Christ est le roi de l’univers visible et invisible.
Pourtant dans le monde visible, ce que nous voyons de nos yeux, est très éloigné de cette royauté. Nous sommes chaque jour confrontés, à la violence, la souffrance, et la mort. Ce ne sont pas là, des signes de la royauté du Christ.
Ce sont les signes de l’emprise, que le mal exerce sur les hommes. Ce mal, la genèse nous enseigne, qu’il trouve son origine dans une créature spirituelle, le diable et Satan, qui par sa révolte contre Dieu, détient le pouvoir de la mort (He 2, 14). Pour Saint Jean l’évangéliste, c’est le prince de ce monde (12, 31 ; 14, 30 ; 16, 11). Et ce que nous voyons dans le monde, témoigne de sa présence, et de son pouvoir sur les hommes. La royauté du Christ, que nous célébrons aujourd’hui, nous ne la voyons pas, avec nos yeux de chair.
Et c’est semblable dans les textes, de la liturgie d’aujourd’hui ; la royauté du Christ, n’est pas plus évidente. La liturgie ne nous montre pas, la gloire du Christ transfiguré, sa résurrection des morts, ou son ascension au ciel. Ces manifestations de puissance, pourraient pourtant satisfaire, notre vision humaine, du pouvoir de sa royauté. Mais ce n’est pas, ce que la liturgie nous propose.
Dans l’évangile que nous avons entendu, Jésus fait une promesse à l’un des deux larrons : ‘Ce soir, tu seras avec moi dans le paradis’…. Qui aurait pu concevoir, que le bon larron, entrerait au paradis ? Sa vie n’est pas conforme à la justice des hommes, et encore moins à celle de Dieu. De plus la porte du paradis, depuis la faute originelle, est gardées par des chérubins, qui en interdisent l’accès (Gn 3, 24). Et malgré cette double impossibilité ; la porte du paradis fermée, et l’indignité du bon larron, celui-ci va entrer au paradis. Jésus a ce pouvoir, d’ouvrir la porte du paradis et d’y faire entrer le bon larron. C’est le signe, de son pouvoir sur l’univers, et de sa royauté céleste, que la liturgie nous donne de découvrir.
Il faut reconnaître que le bon larron a une foi extraordinaire. Car il ne peut pas savoir, que le Christ par sa mort, est vainqueur du prince de ce monde. Que la mort du Christ, réduit à l’impuissance, le pouvoir de la mort (He 2, 14). La résurrection du Christ, lui est inconnue. Ce que nous savons aujourd’hui, par le témoignage des apôtres, le bon larron, n’en a aucune connaissance.
Ce qu’il voit de ses yeux, c’est un homme qui agonise, cloué sur la croix, innocent de tout mal, sans défense, dans une pauvreté et un abandon total. Mais au-delà de l’échec apparent de la vie de Jésus, dans le regard qu’il porte sur lui, le bon larron reconnait, la royauté du Christ :’Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume’… Comment se représente-t-il son royaume ? Nous l’ignorons. Mais bien qu’il soit lui-même à l’agonie, il a confiance que Jésus, peut faire quelque chose pour lui. C’est une foi remarquable, qui nait du regard, qu’il porte sur Jésus. Regarder Jésus dans son agonie, lui révèle celui qu’Il est profondément, au-delà de son apparence.
Il y a une certaine analogie, entre Dieu qui se révèle à Moïse, dans le buisson ardent, et Jésus qui se révèle au calvaire, à la foi du bon larron. Au buisson ardent, Dieu se révèle par son nom, comme celui qui Est. Au Calvaire, il se révèle par son action, dans son agonie sur la croix. L’agonie de Jésus sur la croix, c’est le lieu par excellence, de la révélation et de l’alliance. La révélation de celui qu’il est vraiment, et l’alliance qui nait de la rencontre, entre la foi de l’homme, et la miséricorde, de Jésus crucifié.
L’agonie de Jésus sur la croix, c’est pour nous le lieu de la rencontre et de la conversion. Si nous désirons connaître et rencontrer le Christ, nous devons nous approcher de Jésus crucifié. Dans notre prière personnelle, nous pouvons par la foi, nous mettre en sa présence. Poser notre regard sur lui, le contempler dans son agonie, et comprendre dans sa miséricorde, la puissance de sa royauté. C’est dans sa miséricorde, que se révèle sa royauté.
Mais accepter sa royauté sur nous-même, c’est aussi pour nous-même, nous conformer au témoignage, de sa parole et de sa vie. C’est un exemple qu’il nous a donné. Pour que ce qu’il a fait pour nous, nous le fassions nous aussi (Jn 13, 15). S’il est venu à notre rencontre pour nous sauver, nous devons à notre tour, aller à la rencontre des pauvres. S’il est venu nous apporter le salut, nous devons nous aussi donner aux pauvres, l’aide et le secours, dont ils ont besoin. La journée nationale, du secours catholique, nous rappelle cette exigence.
Agir envers les pauvres, comme le Christ a agi pour nous, c’est marcher à sa suite, c’est faire sa volonté, c’est accepter sa royauté. En agissant ainsi, nous rendons visible dans le monde, la présence du roi de l’univers, Jésus crucifié, vainqueur par sa mort, du prince de ce monde.