6e dimanche de Pâques C – 22 mai 2022
Ac 15, 1-2.22-29 – Ps 66 (67) – Ap 21, 10-14.22-23 – Jn 14, 23-29
Prédication de la Pasteure Mme Edina Pulaï (échange de Chaire)
Nous sommes en chemin, entre Pâques et Pentecôte, cet évènement rapporté dans les actes des Apôtres, au chapitre 2, (qui n’est pas notre passage d’aujourd’hui, qui se termine par l’exhortation de Pierre devant cette foule cosmopolite « Changez radicalement, que chacun de vous reçoive le baptême au nom de Jésus Christ, pour le pardon de ses péchés : et vous recevrez le don du Saint Esprit. Car la promesse est pour vous, pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera. ». (Actes 2 :38-39) Et, nous dit Luc, 3000 personnes demandèrent le baptême.
Mais aujourd’hui, en ce qui concerne l’évangile du jour, il se situe juste avant la passion de Jésus, son arrestation au chapitre 18, précédée de la prière sacerdotale du chapitre 17.
Jésus avait déjà annoncé aux disciples, par trois fois, sa passion et cette coupe amère qu’il devait boire, pour qu’à la fin, Son père soit glorifié dans sa résurrection.
Mais aujourd’hui il leur annonce encore autre chose :
– qu’il va partir, rejoindre son Père,
– Mais qu’il reviendra, ou plus exactement, qu’il s’en va et qu’il revient, ce qui sous-entend qu’il s’agit d’un retour immédiat, dans le temps présent, et non son retour ultime, à la fin des temps, comme il l’annonce par ailleurs.
– Et, afin qu’ils ne soient pas orphelins, le père leur enverra l’Esprit Saint, qui les enseignera et leur permettra de ne pas oublier ses enseignements.
– Enfin, à ceux qui garderont sa parole, Jésus et son Père feront leur demeure chez eux
Alors, en bien peu de versets, ça leur fait pas mal de choses à absorber, à ses amis.
Le texte biblique nous permet d’être interpelé par le mot ou l’expression qui nous parle dans l’actualité de notre vie. Le mot clé aujourd’hui ce trouve dans le verset 27, dans lequel Jésus déclare à ses disciples : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » (Jean 14 :27). Par ces mots simples, Jésus nous adresse une parole de vie et de paix, par laquelle il touche chacun d’entre-nous. Plus que nous adresser une parole, Jésus nous fait don de sa paix, un don unique, un don parfait et absolu, car personne dans le monde ne peut la donner à sa place. Mais quelle est cette paix qu’il nous laisse et qu’il nous donne ?
Pour nous, « avoir la paix » signifie plutôt vivre dans la tranquillité, le calme, le repos, le silence… et surtout loin des autres, loin des agitations et des bruits de la société, loin de toutes ces choses qui agressent notre corps et notre esprit. Pour nous, « être dans la paix », c’est se retrouver dans un état « positif », apaisé, détendu, relax, cool, sans stress…
Ainsi, « avoir la paix » et « être dans la paix » sont souvent considérés comme un idéal de vie, un rêve dans notre existence, mais qui dépend hélas à la fois de soi-même et des autres.
Sûrement, cet idéal et ce rêve de paix n’ont pas grand chose à voir avec à la paix que nous donne Jésus. Non, la paix donnée par les hommes n’est certainement pas la paix donnée par Jésus.
En effet, comment pouvons-nous trouver la paix, dans des conditions d’existence si peu favorables pour certains, dans notre monde si troublé et si troublant, dans notre environnement si perturbé et si perturbant. Hélas, la paix des hommes n’est qu’une chose construite par les hommes. Elle n’est souvent qu’un équilibre, entre des nations ou des peuples, obtenu parfois après de terribles sacrifices. Oui, elle n’est qu’un équilibre précaire dans un rapport de force entre les hommes. Elle peut même se réduire à une simple neutralisation des tensions et des agressivités entre les hommes, jusqu’à ce que l’on appelle un pacte ou un armistice. La paix des hommes pour le monde est par nature une paix temporaire, incertaine et vulnérable, car elle est construite sans l’aide de Dieu. C’est ce que veut nous faire comprendre Jésus, lorsqu’il nous dit : « Je ne vous donne pas [la paix] comme le monde [la] donne » (Jean 14 :27).
Alors, comment vivre dans cette paix que Jésus nous laisse et nous donne ? En fait, cette paix ne peut se recevoir que dans la relation d’amour que nous avons avec Dieu et Jésus, et par le Saint-Esprit.
Premièrement, cette relation s’établit dans l’amour que Dieu a pour nous : il nous faut croire en Dieu, certes, mais sans être inquiétés, ni effrayés, ou en avoir peur. Car Dieu nous accepte tel que nous sommes. Dieu est amour, il nous offre sa Grâce, c’est-à-dire son pardon premier et inconditionnel. Ainsi pardonnés par Dieu, nous devons vivre notre croyance, dans l’amour mais pas dans la crainte. Jésus nous le dit lui-même : « Que votre coeur ne soit pas troublé, qu’il ne soit pas craintif » (Jean 14 :27).
Donc croire en Dieu, c’est être placé dans l’amour de Dieu, c’est se trouver en paix avec Dieu, c’est être dans la paix de Dieu.
Deuxièmement, cette relation d’amour s’établit aussi dans la foi que nous avons en Jésus-Christ : placer notre confiance en lui. C’est lui qui nous sauve, c’est lui qui nous conduit. Pour cela, nous devons écouter sa parole. Plus que l’écouter, Jésus nous demande de « garder sa parole » : cela signifie être fidèle à sa parole, lui obéir, la mettre en pratique. Oui, nous devons « garder sa parole », car Jésus affirme que sa parole ne vient pas de lui, mais de Dieu lui-même (Jn 14 :24). Et il en fait même un point essentiel dans la relation d’amour que nous avons avec lui et avec Dieu. En effet, Jésus déclare : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez [en] lui » (Jn 14 :23). Donc, si nous avons la foi en Jésus-Christ et si nous sommes fidèles à sa parole, alors Jésus nous offre sa présence, et nous rend ainsi capables de recevoir ses dons. C’est de cette façon que Jésus nous laisse la paix, qu’il nous fait don de sa paix.
Troisièmement, cette relation d’amour s’établit dans le fait de recevoir le Saint-Esprit, que Dieu nous envoie au nom de Jésus-Christ. Jésus l’annonce lui-même : cette autre forme de présence est là pour nous enseigner et nous rappeler les paroles de Dieu (Jean 14 :26). Le Saint-Esprit nous inspire et nous guide dans notre vie de chrétien. Il nous permet de discerner la parole de Dieu à travers les textes bibliques. Il fait en sorte que la parole de Dieu devienne pour nous une parole de vie et de paix. Ainsi, par le Saint-Esprit, nous recevons la paix de Jésus. Oui, ce Saint-Esprit est pour nous cette colombe de paix, qui met en nous la paix de Jésus.
Finalement, quand Jésus nous donne sa paix, qu’attend-il vraiment de nous ? En fait, ce qu’il attend de nous, il le résume très simplement en un seul commandement, que nous avons entendu dimanche dernier, celui de l’amour : « Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres » (Jn 13 :34). Voilà donc la paix que Jésus nous donne, sous un commandement d’amour, qui se décline sous de multiples formes dans les textes de la Bible : « pardonnez-vous les uns les autres », « aidez-vous les uns les autres », « mettez-vous au service les uns des autres ». Voilà donc la paix que nous enseigne Jésus, une paix simplement basée sur l’amour, une paix synonyme d’amour.
Dans notre texte, Jésus donne sa paix à ses disciples, peu de temps avant sa Passion. Quelques jours plus tard, après sa mort et sa résurrection, il la leur donne de nouveau. Lorsque le Christ ressuscité apparaît aux disciples, la première chose qu’il fait, est de leur donner sa paix (Jn 20 :19, 21, 26), par trois fois, en leur disant : « La paix soit avec vous ».
Et avec cette paix il souffle l’Esprit Saint. Le Paraclet, ou le Consolateur, défenseur ou avocat, nous découvrons en nous appuyant sur le mot hébreu qui le désigne qu’il vaudrait mieux traduire par « supplément de vie ». Pour l’accueillir, il faut s’y préparer. Pour s’y préparer il faut en faire l’effort. Il faut d’abord désirer qu’il s’installe en nous pour participer à notre vie intérieure. Il se comporte alors comme un baume bienfaisant qui oriente toutes nos pensées pour qu’elles se mettent en harmonie avec celles du Père. C’est alors que les consolations que nous espérons pourront se produire.
Je crois qu’aujourd’hui nous ne prenons pas assez de temps de nous laisser habiter par ce supplément d’esprit. Nous sommes avides de connaissances, nous prenons du temps pour nous cultiver, ou pour nous divertir, mais nous ne prenons pas assez de temps pour reprendre souffle comme le coureur sur le bord de la piste. Nous ne prenons pas le temps de descendre en nous-mêmes pour y saluer Dieu qui habite déjà en nous et qui nous attend patiemment. C’est alors que nous pourrons lui dire notre amour et nos inquiétudes.
Si nous nous ouvrons sans crainte à notre Dieu et il fera le reste. C’est en agissant ainsi que nous faciliterons l’accès en nous au Saint Esprit. Prenez le temps de vous laisser interpeller par votre Dieu qui ne demande que cela. En acceptant cela, vous découvrirez qu’il vous en donne encore bien davantage.
Notre foi, qui puise sa force dans les Ecritures, est la foi en un Dieu qui se cache. Mais le Saint Esprit a remplacé l’absence, par une présence invisible.
Voilà la promesse de Pentecôte : Cette fête du Saint-Esprit qui nous fait vivre en communauté pour nous rappeler que nous sommes le corps du Christ.
Voilà notre témoignage : le chrétien qui entre dans une démarche de foi, ne sera définitivement plus jamais seul. Amen