Nativité du Seigneur, nuit de Noël B – 24 décembre 2023
Is 9, 1-6 – Ps 95(96) – Tt 2, 11-14 – Lc 2, 1-14
Homélie du P. Franck Gacogne
Hier, je visitais quelqu’un dans une résidence de personnes âgées du quartier. L’homme que je rencontrais me disait que pour lui Noël c’était la paix. C’est tellement vrai. Dans la simplicité de cette chambre et de cette rencontre où l’on ne peut qu’aller directement à l’essentiel, nous nous sommes dit que le cadeau le plus précieux que nous puissions offrir et recevoir à Noël, c’était celui de la paix. Y-en-a-t-il parmi nous qui ont prévu ce cadeau ? Les enfants, l’avez-vous mis sur votre liste ? Combien ça coûte d’offrir la paix, de donner la paix ? Tient donc si la paix est le plus beau des cadeaux et qu’en plus il ne coûte pas d’argent, qu’attendons-nous ? il n’est pas trop tard pour essayer de l’offrir ! Attention, je ne parle du bref instant de tranquillité qui semble arriver quand on lance à son petit frère, à sa sœur ou à son épouse : fous-moi la paix ! Non, car il s’agit là d’une fausse paix un semblant de paix qui en fait prépare la tempête. Au contraire la véritable paix ne s’élabore que dans la relation. Il faut au moins être deux et s’approcher, se rapprocher pour faire la paix, et il faut être volontaire et déterminé pour construire la paix.
J’ai bien cherché dans les catalogues de Noël, mais personne ne proposait la paix en cadeau. C’est parce que la paix n’est pas à vendre, je ne peux pas l’acheter. La paix n’est pas un objet que je reçois ou que je donne, c’est une attitude que je suis appelé à faire grandir dans ma relation avec les autres. La paix ne se possède pas par quelqu’un, elle est la plus belle réalisation, le plus beau chef d’œuvre que nous puissions construire entre nous. C’est pourquoi dans les béatitudes, Jésus déclare profondément heureux ceux qui sont artisans de paix.
Ce soir, nous avons peut-être choisis de venir dans cette église pour venir chercher la promesse de ce bonheur en Jésus. C’est en tout cas la parole qui est annoncée aux bergers : ce Dieu qui est au plus haut des cieux devient à Noël et en Jésus la paix pour tous les hommes que Dieu aime : « gloire à Dieu au plus aux des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ». Nous avons aussi lu le prophète Isaïe dans la première lecture et nous avons entendu que cet enfant qui naît est appelé « Prince-de-la-paix » parce que la paix qu’il établit est sans fin dès maintenant et pour toujours.
Oui, elle l’est et elle le sera à condition qu’il y ait aujourd’hui des personnes pour porter cette paix. Si en rentrant de la messe nous déposons chez nous Jésus dans la crèche, c’est pour que sa paix rayonne, pour qu’il soit « Prince de la paix » pour notre famille, au milieu de nous. Nous pouvons souhaiter et prier pour la paix au Proche Orient, en Ukraine ou dans tant d’autres lieux où elle est tant attendue et c’est nécessaire de le faire, mais nous y sommes bien impuissants à en être les acteurs. En revanche, ce qui est à notre portée et donc encore plus nécessaire, c’est d’être artisan de paix là où nous sommes : avec ceux qui se rassemblent avec nous ces jours-ci, avec ceux que nous aurions pu inviter, dans nos familles, notre voisinage, notre vie professionnelle…
Si à Noël Dieu se fait l’un de nous en Jésus, c’est pour nous donner la capacité de le révéler comme « Prince de la Paix », le laisser habiter nos maisons, nos relations. Si nous communions à Jésus en recevant son corps entre nos mains, c’est pour que par notre corps et toute notre vie nous devenions artisan de paix. Ce soir, Jésus s’offre en cadeau à chacun d’entre nous. Qu’allons-nous en faire ?
Seigneur Jésus, vient remplir nos vies du désir de te recevoir et de te porter, alors nous te laisserons faire grandir en nous la paix que tu attends entre tous les hommes. Amen.