Dimanche de la Parole – 26 janvier 2025
Ne 8, 2-4a.5-6.8-10 – Ps 18 (19)8, 9, 10, 15 – 1 Co 12, 12-30 – Lc 1, 1-4, 4, 14-21
Homélie de Bernard Badaud
En 2019, le pape François a institué le « Dimanche de la Parole » célébré aujourd’hui dans toute l’Église.
La première lecture est tirée du livre de Néhémie. Cette lecture, évidemment, met en valeur la Parole de Dieu. Pour bien comprendre, il faut se replacer un peu dans le contexte historique. En 445 avant Jésus, le peuple juif est revenu de déportation, il faut tout réorganiser et ça prend du temps ! Néhémie est gouverneur et il entreprend de nombreuses réformes religieuses et sociales. Il lutte contre le déclin et la corruption en s’appuyant sur la redécouverte de la Loi, la Parole de Dieu. C’est le sens de ce passage où on voit l’émotion du peuple à l’écoute de la Parole de Dieu. Ils pleurent tous, dit le texte. Ils pleurent sur leurs infidélités mais aussi ils pleurent de joie devant le renouveau de l’alliance avec Dieu. Bref la Parole de Dieu les touche au cœur… c’est ce qu’il faut retenir et nous interroger sur la place et la force de la parole : Parole de Dieu, oui, mais aussi nos paroles humaines.
Car il y a des paroles qui tuent et des mots qui font vivre et relèvent.
Pendant une dizaine d’années, tout en étant prêtre à la paroisse des Minguettes, j’ai travaillé comme éducateur à la Société d’enseignement Professionnel du Rhône. Je m’occupais d’adolescents en préapprentissage classés, voire stigmatisés, comme étant en échec scolaire. Trop souvent dans leur livret de fin de 5ème je tombais sur des appréciations comme « N’arrivera jamais à rien », « élève complètement nul ». Voilà des paroles qui tuent !
L’autre jour en s’adressant aux futurs mariés, Marie, conseillère conjugale et familiale, faisait remarquer que des paroles qui accusent l’autre sont mortifères. D’ailleurs l’Évangile dit que le diable, c’est l’accusateur ! Quand on dit à l’autre : « Tu » as fait ceci ou cela. Le « Tu » tue disait Marie. A l’inverse, nous savons bien que des mots d’amour, des paroles de tendresse, d’encouragement, de consolation ou de pardon font vivre et relèvent.
L’Évangile aujourd’hui nous montre Jésus qui se met au service de la Parole de Dieu et les mots de Dieu pour nous parlent de libération, de lumière, de bonne nouvelle et de liberté. C’est l’aujourd’hui de Dieu et c’est la feuille de route de Jésus. « Le Verbe s’est fait chair » proclame l’Évangile de Jean. Autrement dit toute la vie de Jésus traduit en actes et incarne concrètement la Parole de Vie que Dieu nous adresse. Jésus guérit, Jésus relève, Jésus réconcilie, Jésus libère, Jésus redonne confiance. Un jour il dira : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ». A sa suite nous sommes appelés à être des porteurs d’espérance, à adresser aux autres des paroles de vie.
Je me souviens de la devise de Sœur Emmanuelle : « Yalla » : en avant ! Jésus disait « Avance au large ». Le chanteur Calogero a mis cela en musique « Un mot d’amour à l’oreille peut dans chacun réveiller un volcan pour qui l’entend. » Et c’est vrai que parfois une seule parole de Dieu, un verset peut faire chanter la vie. Je me souviens de cet homme qu’un ami avait invité à partir avec lui en pèlerinage. Pas très chaud, il avait fini par accepter en disant : « S’il se passe quelque chose pour moi au cours de ce pèlerinage je te paye ton voyage, sinon c’est toi qui paye pour nous deux. ». Non seulement il a payé le voyage mais à son retour il est allé trouver l’évêque de son diocèse pour lui proposer ses services avec l’aumônerie des prisons. C’est dans ce cadre que je l’ai rencontré alors que j’étais allé visiter un détenu qui avait demandé le baptême après avoir entendu et compris qu’aucune faute n’est impardonnable pour le Dieu de Jésus.