8e dimanche du temps ordinaire C – 27 février 2022
Si 27, 4-7 – Ps 91 (92) – 1 Co 15, 54-58 – Lc 6, 39-45
Homélie du P. Franck Gacogne
Les lectures de ce jour insistent sur l’importance de la parole, de notre parole. « Ne fais pas l’éloge de quelqu’un avant qu’il ait parlé, c’est alors qu’on pourra le juger. » (Si 27, 7) et dans l’évangile : « Ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur. » (Lc 6, 45). C’est-à-dire que le cœur retient bien plus que ce qui est exprimé : il n’y a que ce qui en déborde qui jaillit de la bouche. Bien éduqué, nous sommes souvent dans la retenue, surtout si l’on est lyonnais parait-il ! Ce peut être un bénéfice quand nous aurions envie de maudire, mais cela peut être aussi un manque dommageable lorsque nous souhaiterions bénir. Il n’empêche que nos paroles sont bien souvent, en nuances, le reflet de ce qui est bouillonnement intérieur, et il est bon je crois que chacun de nous ait des lieux, des personnes de confiance avec lesquelles ce bouillonnement peut jaillir, libérer des tensions et retrouver une paix intérieure. Mais bien sûr, les réseaux sociaux ne sont au plus haut point ni ces lieux ni ces personnes de confiance.
Nous expérimentons dans la démarche synodale dans laquelle s’est engagée toute l’Eglise qu’il n’y a que dans la rencontre réelle de l’autre que ma parole va s’ajuster, parce qu’elle aura commencée à écouter une singularité et une opinion différente de la mienne en essayant de la comprendre. On me demande souvent ce que cette démarche synodale va changer. Mais elle fait déjà beaucoup en commençant par me changer moi-même. Elle fait beaucoup en commençant par changer les participants qui s’y risquent, parce qu’indépendamment de la poutre à retirer de son œil ou la paille de l’œil de son frère, il s’agit d’abord de s’écouter et de se parler en vue de la construction, de l’élaboration d’un bien commun que nous voulons porter pour être plus fidèle à l’Evangile et audacieux dans son annonce. J’espère que nous serons ainsi nombreux à vivre de cette façon-là la démarche synodale qui nous est proposée samedi prochain.
L’Ukraine est attaquée, et l’Europe est menacée. La parole a du poids. Sans doute avez-vous entendu celle des présidents de la Russie et de l’Ukraine ces trois derniers jours. Alors comme le dit le Siracide, nous pouvons maintenant en juger. L’évangile ne cesse de nous montrer Jésus qui prie, qui agit et qui parle pour le bien de ceux qu’il rencontre, jamais l’un sans l’autre. Prière, gestes et paroles de Jésus sont complémentaires et efficaces. Quels peuvent être mes prières, mes gestes et mes paroles pour dire ma solidarité avec les ukrainiens ? Le 2 mars, jour du mercredi des Cendres, nous serons invités à les vivre dans le secret : par le jeûne et la prière pour la paix. En complémentarité, nous pouvons cet après-midi les vivre au grand jour en nous associant aux ukrainiens de Lyon place Bellecour à 15h.
Je termine simplement par cette prière qui a introduit notre célébration, elle est du frère Aloïs, le prieur de la communauté de Taizé :
« Dieu d’amour, nous sommes déconcertés par les violences dans le monde, et en particulier à présent par les actes de guerre en Ukraine. Donne-nous de nous tenir en solidarité aux côtés de celles et ceux qui souffrent, et qui vivent aujourd’hui dans la peur et l’angoisse. Soutiens l’espérance de tous ceux qui, dans cette région du monde tant aimée, cherchent à faire prévaloir la justice et la paix. Envoie l’Esprit Saint, l’Esprit de paix, qu’il inspire les responsables des nations et tous les humains. » Amen.