Open/Close Menu Paroisse catholique à Lyon

26ème dimanche du temps ordinaire – 29 septembre 2024

Nb 11, 25-29 – Ps 18 (19) 8, 10, 12-23, 14 – Jc 5, 1-6 – Mc 9, 38-43.45.47-48

Homélie de Bernard Badaud

Joie de célébrer ce dimanche  5 baptêmes à l’église St Pierre. Et, puisque la première lecture de la messe parle de « prophète », c’est l’occasion de rappeler le sens de l’onction avec le St Chrême, au moment du baptême, avec les mots qui l’accompagnent : « Tu es membre de Jésus Christ, prêtre, prophète et roi ». 

            Prophète ? dans la première lecture, au livre des Nombres, Moïse loin de s’offusquer d’apprendre que deux jeunes blancs becs se sont mis à faire les prophètes, en appelle à Dieu pour que le Peuple tout entier se conduise en prophète. Mais qu’est-ce donc qu’être prophète ? Ce qui est certain, c’est qu’il n’y a jamais de prophète auto-proclamé. Le moteur de la parole prophétique, c’est l’Esprit Saint et le modèle du prophète c’est Jésus. Tout est dit dans la prise de parole de Jésus dans la synagogue de Nazareth au tout début de son ministère. Chapitre 4 de l’Évangile de Luc : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. » Rien à voir avec l’idée farfelue qu’un prophète pourrait prédire l’avenir.

            Donc, revenons-en à l’onction du St Chrême au baptême. Attachés à Jésus, membres du Christ, habités par l’Esprit Saint, les baptisés sont appelés à être porteurs d’espérance, de lumière, de liberté, de joie…. En particulier auprès de celles et ceux qui en sont privés. Dénoncer et annoncer. Dénoncer ce qui est injuste, ce qui porte atteinte à la dignité de l’humain fait à l’image de Dieu et annoncer l’œuvre libératrice de Dieu en y prenant part, bien évidemment, comme ne cesse de le répéter la lettre de St Jacques que nous lisons depuis le début du mois de septembre.

            Et nous avons l’occasion de mettre en pratique cette fonction prophétique aujourd’hui puisque le pape François a demandé que ce dimanche soit « Journée mondiale du migrant et du réfugié ».  Au passage, je note que ce n’est pas une invention du pape actuel puisque la première journée du migrant pour l’Église catholique a été voulu par le pape Benoît XV en 1914 il y a donc 110 ans. Depuis, tous les successeurs s’en sont tenus à cette parole prophétique qui concerne l’accueil des migrants. 
Même parmi les chrétiens cet appel à faire attention aux migrants n’est pas toujours bien reçu. Mais le pape, pas plus que la plupart les personnes engagées auprès des migrants, n’est pas un naïf irresponsable. Il sait que personne ne quitte son pays de gaîté de cœur et il invite à réfléchir aux causes des migrations. Et je n’ai pas eu besoin de faire beaucoup de recherche pour dénicher les grandes entreprises, y compris françaises, qui ne se gênent pas pour exploiter les ressources de pays sans se soucier de dérèglement climatique, de justice sociale ou des droits légitimes des occupants actuels. Alors, pour simplement survivre, pas d’autre choix que d’émigrer.

            Revenons-en à l’Évangile. Si certaines paroles du pape dérangent, que dire alors des paroles de Jésus aujourd’hui ?  « Coupe ta main, ton bras… arrache ton œil… ». C’est une figure de style qui s’appelle l’hyperbole, autrement dit exagération, provocation. En fait Jésus nous demande : tes mains sont ouvertes ou fermées ? Ouvre mes mains, Seigneur qui se ferment pour tout garder. Tes pieds te conduisent-ils à la rencontre des autres comme Marie auprès d’Elizabeth ? Ton œil comment regarde-t-il les autres ? Ouvre mes yeux, Seigneur aux merveilles de ton amour. Tu te rappelles l’histoire de la paille et de la poutre ? Alors, oui, Jésus, même si nous ne sommes pas toujours compris par notre entourage fais de nous un Peuple de prophètes heureux d’annoncer avec toi qu’il y a toujours une espérance lorsque se croisent des regards fraternels.