23e dimanche du temps ordinaire B – 5 septembre 2021
Is 35, 4-7a – Ps 145(146) – Jc 2, 1-5 – Mc 7, 31-37
Homélie du Fr. Tuan Nguyen
Effata, ouvre-toi bien !
Le texte de la semaine dernière nous apprend qu’après la discussion avec certains pharisiens et scribes, Jésus est allé dans la région de Tyr, pays païen, des étrangers pour les Juifs. Puis de là, il se dirige dans le pays de la Décapole, toujours dans une région pas du tout bien vue par les Juifs ! Car les habitants de ces pays sont une population mélangée ; ils ne partagent pas la même foi que les Juifs. Mais, c’est là où se passe le récit rapporté par l’évangile de Marc.
Le récit nous paraît très simple. Les gens amènent à Jésus une personne qui a des problèmes : elle n’entendait pas et avait beaucoup de mal à parler. On ne sait pas comment il s’appelle. Les gens suppliaient Jésus de poser la main sur lui. Sans doute, ces gens ont une certaine connaissance de la façon de faire de Jésus. Comment est-ce que Jésus a fait ? Il a fait autrement. Comme un thérapeute, avec discrétion, il conduit l’homme à l’écart, loin de la foule, Il met ses doigts dans les oreilles du malade. Puis, avec sa salive, Jésus touche sa langue. Un regard vers le ciel et il soupir (en grec ce verbe exprime plutôt comme un gémissement, mais on peut comprendre par ici que c’est une prière adressée à Dieu son Père) et il dit une parole : effata, un mot araméen, ce qui veut dire « ouvre-toi bien ! ». Tout de suite l’homme peut entendre et parler correctement.
C’est admirable ! Quel orthophoniste peut effectuer un travail pareil ! Quelle efficacité ! Les gens qui étaient là sont extasiés, bien évidement. Comment ne pas l’être ! au point que, malgré la recommandation de Jésus de ne rien dire à personne, ils proclamaient de plus en plus.
Que veut-il et peut-il nous dire ce récit ?
Ce dont Jésus est capable. Les gens ont confiance en le pouvoir de Jésus, un pouvoir qui rendre heureux un homme en le délivrant des énormes difficultés de communiquer. Désormais il peut entendre et s’exprimer. Jésus lui a offert une véritable délivrance. Nous ignorons si cet homme a suivi Jésus. Tout au moins, avec les témoins, il acclamait Jésus. Quelque chose a changé en lui.
Mais, ce récit nous dit aussi sans doute d’autres choses. Si nous regardons les guérisons depuis le début de l’évangile de Marc. Il paraît qu’il y quelque chose, comme un mouvement progressif de l’extérieur à l’intérieur. Jésus chassait « le mauvais esprit (Mc 1) ; il guérit un lépreux, un paralysé, puis un homme ayant une main atrophiée, c’est comme si un traitement qui vient à la surface ; le mouvement va maintenant plus vers l’intérieur. Quand Jésus dit « Effata » à l’homme : il semble qu’il ne parle pas qu’aux oreilles, ni à la langue seulement, mais à l’homme, à tout son être qui demande son aide. Le verbe est au singulier au mode d’impératif : ouvre-toi bien ! tout court et en une fois.
Ce n’est pas seulement une guérison de l’ouïe, et la langue, mais Jésus invite notamment la personne à ouvrir son cœur, sa vie à laisser Dieu et sa Parole entrer.
Le geste de Jésus sont très forts : toucher les oreilles, toucher la langue avec de la salive, cela ne nous rappelle-t-il pas quelque chose ? Oui, au moment de la création, Dieu créateur façonnait le premier homme comme un potier (Gn 2). Mettre de la salive peut nous rapprocher de ce geste du Créateur : Dieu insuffle dans les narines du premier homme et ainsi il est vivant ! (Gn 2, 7). Jésus fait un geste de création ou restauration en guérissant cet homme. Ce que Jésus a fait est bon ! Voilà l’acclamation de la foule. En effet, Il est celui que, nous avons entendu dans la première lecture, le prophète Isaïe avait annoncé (Is 35) il y a 6 siècles avant :
« Dieu vient lui-même et va vous sauver. » Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie »
Jésus est venu pour faire l’œuvre de Dieu et tout ce que Dieu fait est bon. Ces propos de la bouche des témoins : « tout ce qu’il fait est bien » (kalos) résonne comme le refrain si connu du début du livre de la Genèse : Dieu voit que cela, ce qu’il a créé, est bon et beau. Ce rapprochement que je dois à un moine me paraît très juste.
Cela doit nous aider à ouvrir nos oreilles et notre bouche pour voir et professer que : Jésus est celui par qui Dieu veut nous nous sauver.
Frères et sœurs,
Jésus s’adresse à nous encore aujourd’hui, nous qui croyons en Lui. « Ne crains pas », « Ouvre-toi » à Dieu, à sa Parole, et à sa Bonne Nouvelle. Dieu vient à nos côtés, il vient nous sauver.