32e dimanche du temps ordinaire C – 6 novembre 2022
2 M 7, 1-2.9-14 – Ps 16 (17) – 2 Th 2, 16 – 3, 5 – Lc 20, 27-38
Homélie du P. Franck Gacogne
Vous avez sans doute remarqué que la question clé des lectures de ce dimanche, c’est la résurrection…Qui d’entre-nous croit en la résurrection ? Si je pose cette question, c’est parce que la résurrection est la clé de voute de la foi chrétienne et c’est ce mystère pascal de Jésus mort et ressuscité que nous manifestons et célébrons chaque fois que nous venons à la messe. Ceci dit, ce n’est jamais un acquis mais toujours une expérience appelée à murir dans vie de foi.
Vous avez entendu la première lecture de ce jour : depuis le martyr des israélistes en 165 avant Jésus-Christ qui se révoltaient contre la domination des Grecs, eh bien s’était installé la conviction que Dieu ne pouvait pas abandonner dans la mort ceux qu’il avait choisis. Au temps de Jésus, en particulier chez les pharisiens religieux, la foi en la résurrection était donc très répandue. En revanche, ce n’était pas le cas chez un autre groupe appelé les Sadducéens, une sorte de « parti » religieux encore plus conservateurs que les pharisiens, et qui refusaient toute nouveauté ou interprétation de la Loi reçue de Moïse. C’est donc quelques membres de ce groupe-là, pour qui la résurrection est une invention moderne, qui cherchent à piéger Jésus.
Chez beaucoup de gens que nous rencontrons, mais aussi pour beaucoup d’entre nous, la résurrection fait aujourd’hui toujours problème. Pour les Sadducéens elle était une invention moderne que leur foi ne pouvait pas accepter ; a contrario, aujourd’hui, elle est vue comme un élément archaïque, incompatible avec la pensée moderne et la raison. Les conceptions et les arguments sont donc diamétralement opposés, et pourtant dans les deux cas : il y a 2000 ans, comme aujourd’hui, cela abouti à faire de la résurrection un obstacle pour la foi.
Dans notre récit, les Sadducéens cherchent à piéger Jésus en voulant montrer qu’il est absurde de croire en la résurrection. Les pharisiens eux, se réjouissent que Jésus puisse les contre-carrer en oubliant bien vite que ce sont eux-mêmes qui en avaient pris pour leur grade dans les chapitres précédents.
Comme les Sadducéens, nous ne pourrons jamais croire à la résurrection si nous pensons qu’elle est une sorte de réanimation du corps qui pourrait reprendre une activité terrestre ou sur lequel on voudrait calquer le type de lien que nous expérimentons ici et maintenant. Dans un premier temps, Jésus répond que la continuité de la vie que l’on reçoit à la résurrection n’est plus assurée par les humains qui par une descendance doivent à tout prix donner la vie pour qu’elle perdure. C’est le contraire, la continuité de cette vie est assurée par Dieu qui leur donne la sienne, éternellement. Voilà pourquoi Jésus les appelle alors « enfants de Dieu, enfants de la résurrection ».
Dans un deuxième temps, Jésus rappelle aux Sadducéens que la résurrection est une promesse de Dieu que Moïse avait indiquée, et donc que croire en la résurrection, c’est d’abord croire en la fidélité de Dieu. De fait, l’expérience décisive vécu par Jésus lui-même a été comprise par les premiers chrétiens comme l’accomplissement de cette promesse. Ils en ont été témoin, et cette Bonne Nouvelle a jaillit de leur bouche, de leur cœur. Nous avons non pas des preuves, mais des traces de la résurrection à travers le témoignage des apôtres qui ont crû en la résurrection de Jésus, puis 2000 ans d’Eglise où tant d’hommes et de femmes ont fait de ce témoignage initial le fondement de leur existence. La résurrection de Jésus, c’est la victoire de la vie sur la mort… Cette victoire n’est pas une exception pour un privilégié, mais elle est la révélation que ce qui est arrivé à Jésus est pour nous. Autrement dit, la résurrection de Jésus est promesse de la nôtre.
Je me dis que si la résurrection n’était pas une puissante espérance, même inavouée chez nos contemporains, il n’y aurait plus de demande de funérailles chrétienne pour se l’entendre dire. Car si Dieu n’existe pas ou s’il est mort, nul n’est besoin de lui présenter nos défunts. Nous le voyons bien, dans cette démarche souvent ambigüe lors d’un deuil, ce sont des vivants qui s’adressent au Vivant par excellence pour que les morts bénéficient de sa vie.
C’est la raison pour laquelle Jésus termine sa réponse aux Sadducéens par cette affirmation : « Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants ». Amen.