Solennité de l’Immaculée Conception de Marie – 8 décembre 2020
Gn 3, 9-15.20 – Ps 97 (98) – Ep 1, 3-6.11-12 – Lc 1, 26-38
Homélie du P. Franck Gacogne
Pour commencer, je vous propose de nous mettre dans la situation de Marie, ou presque, c’est-à-dire d’essayer de nous remémorer le jour où nous avons appris une nouvelle bouleversante, de quelque nature qu’elle soit, il y a peu ou très longtemps. Prenons quelques instants de silence pour faire mémoire, pour repérer et choisir dans notre vie un jour précis, celui de l’annonce d’une nouvelle bouleversante…
Maintenant que nous avons tous un événement en tête, je suis presque persuadé que lorsque nous en avons pris connaissance, nous l’avons porté au Seigneur dans une prière sans doute très tourmentée. Ainsi en est-il d’autant plus de l’expérience vécue par Marie à l’Annonciation, puisque l’événement qu’elle reçoit vient de Dieu lui-même. Luc nous raconte qu’elle passe par trois étapes successives, et leur chronologie est importante.
1. 1ère étape, la sidération : « elle fut toute bouleversée » et l’effroi : « Sois sans crainte, Marie ». Ces très fortes émotions sont la conséquence de la soudaineté d’un événement auquel on n’a pas pu se préparer bien entendu, mais que l’on n’avait même jamais pensé qu’il puisse exister, tout du moins nous arriver à nous.
Eh bien Marie n’échappe pas à cette règle et à ces sentiments communs de notre humanité. Elle est en revanche invité à les dépasser en sortant de la crainte grâce à une force intérieur qui la fait tenir debout comme une colonne vertébrale : sa foi. Nous l’avons entendu, il y a comme un nouveau nom qui lui est donné par l’ange Gabriel : « Comblée-de-grâce ». Ce n’est pas parce qu’elle reçoit la visite de l’ange qu’elle obtient le privilège d’être comblée de grâce ! Non. La visite de l’ange vient simplement nommer et qualifier ce qu’est sa vie et sa foi depuis sa naissance. C’est grâce à sa foi qui la fait tenir debout qu’elle pourra sortir de la sidération et de la crainte et disposer son cœur pour assimiler la nouvelle qui survient.
2. La 2ème étape est celle du questionnement : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je ne connais pas d’homme ? » Une fois l’émotion de la nouvelle passée, nous voulons comprendre, nous avons pleins de questions à poser sur le comment et surtout sur le pourquoi, et sans doute qu’à l’annonce de cette nouvelle, notre prière en était remplie.
Eh bien c’est également ce qui arrive à Marie. Elle a entendu de l’ange la description et peut-être même déjà la dimension messianique de Celui qui doit naître, mais cela va déjà trop vite pour elle, Marie a les pieds sur terre, elle est pragmatique : avant de savoir qui, elle a besoin de savoir comment cela sera possible puisqu’elle ne « connaît pas d’homme ». Cette étape de la verbalisation et du questionnement est nécessaire pour intégrer l’événement et progressivement le faire sien. Le Seigneur accueille et reçoit nos « comment », nos « pourquoi » qui sont parfois des cris. Ces paroles, en s’apaisant aideront à ce que l’événement prenne place dans le cours de notre histoire.
3. La 3ème étape est celle de la confiance, de la foi : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. ». Voilà une étape qui n’est pas garantie ni gagnée d’avance car elle s’appuie sur une conviction personnelle : celle que le Seigneur sera mon appui et mon soutien dans cet événement. C’est moi qui vais le vivre, mais pas sans Lui, mieux que cela, je crois que c’est le Seigneur lui-même qui va me mettre en capacité de le traverser. C’est la parole du croyant dans le psaume 22 : « tu es avec moi : ton bâton me guide et me rassure »
Eh bien c’est l’attitude de Marie qui exprime son consentement confiant parce que quoi qu’il arrive, elle sait et elle croit au fond d’elle-même que le Seigneur ne peut vouloir que du bien à l’humanité qu’il veut rejoindre tant il désire partager sa condition.
Marie a tout partagé de nos joies et de nos tourments, donne-nous Seigneur d’entrer comme elle dans une foi confiante et apaisée. Amen