Immaculée Conception C – 8 décembre 2021
Gn 3, 9-15.20 – Ps 97 (98) – Ep 1, 3-6.11-12 – Lc 1, 26-38
Homélie du P. Franck Gacogne
Cet évangile de l’annonciation à Marie, nous le connaissons bien. Et nous avons la chance de le recevoir ce soir dans l’église qui lui est dédiée.
L’Annonce que reçoit Marie la dépasse largement. En quoi cet évangile de l’Annonciation nous concerne-t-il aujourd’hui ? Marie a porté Jésus pour le donner au monde. Comme pour Marie, Dieu vient nous demander si nous acceptons qu’il prenne corps en chacun de nous. Quand nous disons « Amen » en recevant son Corps à la communion, nous répondons « oui » pour le recevoir et le porter, mais répondons-nous aussi « oui » pour le donner ? Je crois qu’il y a au moins trois façons de porter le Christ et de le donner.
1. Tout d’abord, nous pouvons le porter par nos mains et nos pieds, c’est-à-dire en agissant, en étant solidaire, en étant au service au nom de notre foi là où il y a un besoin, une attente, une précarité. C’est sans doute notre façon la plus habituel d’accepter que le Christ s’incarne dans notre vie, peut-être la manière qui nous semble la plus facile pour le porter. Tant mieux car c’est la première nous dit Paul : « Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité. » (1 Co 13, 13)
2. Nous pouvons le porter par notre intelligence en prenant le temps de nous former, de rencontrer d’autre croyants pour partager, pour débattre, pour écouter et recevoir un autre point de vue. Le débat, l’échange, c’est le propre de la démarche synodale, la façon dont nous devons être en Eglise pour lui être fidèle. La foi s’éclaircie, se construit dans un échange spirituel et théologique à mener avec nous-mêmes, et avec nos frères croyants ou non, parce que c’est ensemble que nous recherchons et trouvons du sens à la foi de l’Eglise, que nous cherchons la vérité, c’est à dire une personne, le Christ vivant aujourd’hui.
3. Et enfin nous sommes invités à porter le Christ par la Parole, et par notre parole. Nos gestes et notre intelligence ne suffisent pas pour porter la foi, il faut y ajouter notre voix. Nous l’entendions à nouveau de la bouche de Paul il y a peu de temps dans une lecture. Voici ce qu’il nous disait : « Comment invoquer le nom du Seigneur, si on n’a pas mis sa foi en lui ? Comment mettre sa foi en lui, si on ne l’a pas entendu ? Comment entendre si personne ne proclame ? Comment proclamer sans être envoyé ? Il est écrit : Comme ils sont beaux, les pas des messagers qui annoncent les bonnes nouvelles ! » (Rm 10, 14-15) Voilà pourquoi cette soirée à l’issue de cette messe est l’opportunité pour chacun de nous d’être envoyé pour d’accueillir ceux qui viendront et dans un échange respectueux, de donner, d’offrir la Bonne Nouvelle qu’est le Christ pour toute l’humanité.
La foi, la joie, l’amour, c’est la seule chose qui grandit et s’amplifie en celui qui les donne sans mesure, alors qu’au contraire, garder Dieu pour soi nous rétrécie.
Aujourd’hui, des chrétiens sont déclarés saints ou bienheureux comme Pauline Jaricot prochainement. Ils le sont non pas parce qu’ils ont eu une vie chrétienne héroïque ou parfaite, mais parce qu’ils n’ont pas gardé Dieu pour eux, qu’ils l’ont porté et offert. Que nous puissions tous choisir de vivre et d’expérimenter cette joie. Amen.